Porsche 356

Les premiers plans de ce qui va devenir une classique parmi les classiques, la Porsche 356, sont datés de juillet 1947. Ils montrent une espèce de barquette très plate avec un moteur arrière presque central suivi de la boîte de vitesses. Le modèle n'a pas de toit. Le capot amère s'ouvre apparemment vers l'arrière pour une meilleure accessibilité au moteur et la voiture n'a qu'une banquette susceptible d'accueillir trois adultes.
La technologie du châssis fait appel aux propres solutions appliquées par Porsche à la Volkswagen : des suspensions par barres de torsion sur les deux essieux. Cette toute première Porsche semble être un engin de transport tout à fait intéressant, bien qu'empreint de quelques désavantages. En particulier, sa production apparait trop coûteuse.
Pourtant, cette Porsche est construite selon les plans de 1947. Elle est terminée en mai 1948 avec cette carrosserie ouverte très profilée. Révélée à la presse en juillet au Grand Prix de Berne, elle suscite un concert de louanges, notamment pour son excellent comportement routier et sa grande facilité de conduite.
Porsche comprend vite que la production de son propre modèle de sport dépend de la limitation des coûts au strict minimum. La 356 originale est impossible à vendre. Une évolution intelligente amène à l'exploitation de la Volkswagen dont la production, contre toute attente, a repris dans l'usine bombardée de Wolfsburg. Utiliser à la base de la version sport des éléments VW signifie non seulement qu'elle sera moins chère, mais aussi que les pièces de rechange seront disponibles auprès du réseau des concessionnaires et agents.
Ces facteurs pris en compte, la configuration moteur en avant de la boîte est changée en faveur du système Volkswagen avec le moteur en porte-à-faux arrière. La majeure partie de la voiture est assemblée à partir de pièces VW Les mauvaises langues prétendent que la Porsche n'est plus une voiture originale, mais une Volkswagen équipée de bougies plus froides qu'on peut pousser un peu plus. On ne saurait être plus loin des réalités.
Car, si la Porsche 356/2, type à moteur en porte-à-faux arrière, découle bien d'une base Volkswagen, elle présente néanmoins des caractéristiques dynamiques particulières, et bien d'autres différences. La cylindrée du moteur VW, 1 131 cm3, est vite ramenée à moins de 1 100 pour que la voiture soit compétitive dans cette catégorie. Les soupapes sont agrandies et le rapport de compression relevé. D'un seul coup, le moteur paraît très puissant et la légèreté de la caisse de la Porsche, un coupé en aluminium construit à la main, y est pour beaucoup. Dans le courant de 1948, une série de 150 voitures est programmée, mais les obstacles ne cessent de se multiplier.
Cette méthode de construction des caisses se révèle laborieuse et absolument incompatible avec une production en série. Les problèmes surgissent dans tous les domaines, techniques, financiers, relatifs aux approvisionnements, en plus du surcroît de travail au bureau d'études Porsche. Un carrossier suisse accepte de produire quelques cabriolets. Un exemplaire est exposé au Salon de Genève de mars 1949 et de nombreux visiteurs fascinés signent un bon de commande. Sans cet événement, Porsche aurait probablement déjà abandonné la production automobile. Mais l'histoire va s'écrire autrement...
La production s'organise lentement et la petite usine sort peu de voitures. Lorsque Porsche déménage ses activités en Allemagne en 1951, environ 60 voitures ont été assemblées dans l'usine autrichienne. Pour accélérer la cadence et se libérer de la fabrication totalement manuelle, Porsche commande 500 caisses de coupé au carrossier allemand Reutter. La production est alors bien lancée et le nom de Porsche prend place parmi les constructeurs réputés.
D'innombrables victoires en rallyes et en courses bâtissent la renommée de la 356. Les moteurs progressent en puissance et en raffinement. Lorsque les derniers exemplaires de cette première série sont construits en 1955 pour faire place à la 356A, près de 8 000 exemplaires ont vu le jour qui garantissent déjà un brillant avenir à l'un des plus grands constructeurs de voitures de sport du monde.
Les 356A, B et C ultérieures, produites jusqu'en 1963, présentent chacune des particularités notables, mais, à la base, elles sont semblables à la 356/2, la Porsche des débuts construite en Autriche avec des pièces de Volkswagen
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Extrait de "Les Voitures du Siècle" chez Gründ