Porsche 956/962

Dans ses versions 956, 962 et 962C, cette Porsche régna sur les courses d'endurance pendant presque dix ans. Grâce à elle, la marque allemande triompha six fois de suite aux 24 Heures du Mans, domina la série américaine IMSA et accumula les titres mondiaux.

En matière de compétition, Porsche est l'un des rares constructeurs ayant quasiment toujours réussi ce qu'il a entrepris. En rallye, et surtout en rallye-raid (Paris-Dakar), en Formule 1 (essentiellement en tant que motoriste de McLaren), en courses de côte, Porsche s'est forgé une grande réputation. Mais c'est dans les épreuves d'endurance que son palmarès est le plus copieux, grâce à des machines telles que les 917, 935 et 936, avant l'apparition d'une lignée qui demeure l'une des plus brillantes de toute l'histoire de la course automobile, les fameuses 956, 962 et 9620.
Au début des années 80, les autorités sportives mirent un terme à la réglementation Groupe 5 (voitures fermées) et Groupe 6 (barquettes biplaces), dans lesquels Porsche évoluait déjà en maître avec ses fabuleuses 935 (évolutions extrêmes de la 911) et 936. Les nouvelles règles entrant dans le cadre du Groupe C étaient plus contraignantes, sur le plan de la consommation et au niveau aérodynamique notamment, dans le but de limiter les vitesses de passage en virage, devenues étourdissantes en raison d'une maîtrise parfaite de l'effet de sol.
Avant d'engager ses nouvelles Groupe C, Porsche sortit par la grande porte aux 24 Heures du Mans de 1981 grâce à la victoire de la 936 Groupe 6. Le moteur de cette voiture, d'une cylindrée de 2,65 litres, allait trouver place dans la nouvelle 956, dotée (l'une structure monocoque e n aluminium en remplacement de la structure tubulaire. A l'origine, cette mécanique à six cylindres double arbre avait été développée en vue d'équiper une monoplace destinée à disputer les courses américaines, et plus spécialement les 500 Miles d'Indianapolis.

Première apparition, première victoire

Auparavant, la 956 avait bien préparé le terrain. Dès 1982, elle gagnait au Mans. C'était la première d'une série de 6 victoires consécutives, 7 pour Porsche si l'on inclut celle de la 936 en 1981. Pour sa première saison, la 956 enlevait le titre mondial de Constructeurs et Jacky Ickx était couronn du titre Pilotes.
En 1983, Porsche mit en vente une pre mière série de 12 exemplaires de 956, et ce voitures «privées» vinrent contester la suprématie de l'usine dès la première course, les 1 000 Kilomètres de Monza : victoire d Wollek-Boutsen sur une 956 appartenant Reinhold Joest, devant 6 autres Porsche. A Mans, l'usine reprenait le dessus et la 956 victorieuse de Haywood-Holbert-Schuppan devançait 7 autres 956. L'empreinte de cette voiture était désormais indélébile. Porsche et Ickx enlevaient 2 nouveaux titres mondiaux, Wollek s'imposait dans les Championnats européen et allemand, et une 956 gagnait le Championnat japonais de la spécialité.
En 1984, Porsche s'attaqua à la série américaine IMSA en s'adaptant aux règles locales : moteur à un seul turbocompresseur (ex-935/936) et surtout pédalier derrière l'axe des roues avant notamment. Ainsi naquit la 962, que Mario et Michael Andretti installèrent en pole position pour sa première sortie aux 24 Heures de Daytona. Peu de temps après, les autorités sportives internationales s'alignèrent sur la réglementation américaine concernant le pédalier, et la 956 fut remplacée en Europe par la 9620, identique à la 962 au plan du châssis.
Devenue de plus en plus perfectionnée, cette Porsche s'imposa une dernière fois au Mans en 1987, avant de laisser la place à des voitures de conception plus récente.

Suspension et freins
Les Porsche 956 et 962 étaient dotées d'une suspension avant composée de doubles triangles superposés de longueurs inégales. Les ressorts étaient en position classique et de fermeté variable, en fonction des appuis aérodynamiques déterminés sur chaque circuit. A l'arrière, on trouvait des triangles inférieurs et des bras supérieurs transversaux, avec des rappels pour les combinés ressort-amortisseur, montés « inboard » et positionnés suivant un léger angle d'inclinaison; au-dessus de la boîte de vitesses. A l'avant et à l'arrière, il y avait une barre antiroulis réglable; les quatre amortisseurs étaient à gaz. Le freinage était assuré par quatre gros disques ventilés (ø : 33 cm), possédant chacun un étrier à quatre pistons. Fait rarissime en compétition, quelques versions reçurent l'ABS.

Moteur
Le moteur six cylindres à plat de la 956 possédait une cylindrée de 2 650 cm3, avec un alésage de 92,3 mm et une course de 66 mm Le bloc était refroidi par air, la culasse par eau. Il disposait de quatre soupapes par cylindre et d'un vilebrequin à quatre paliers. Les pistons étaient en aluminium forgé, les bielles en titane. La suralimentation était assurée par deux petits turbocompresseurs KKK, et l'injection mécanique fut rapidement remplacée par un système à gestion électronique. La cylindrée passa ensuite à 2,8 litres, puis à 3 litres. A partir de 1986, toutes les voiture! engagées par l'usine furent dotées d'un refroidissement par eau exclusivement.

Grâce à la 956 puis à la 962, Porsche gagna les 24 Heures du Mans six fois de suite. Celle-ci est la 956 de Jacky Ickx et Derek Bell victorieuse en 1982, année où la marque allemande s'adjugea également le Championnat du monde Groupe C.

Une impressionnante armada de Porsche 962C lors des 200 Miles de Nürenberg en 1990. Cette voiture s'est forgé un palmarès unique dans les annales.

Les Porsche 956 et 962 ont été alignées dix ans de suite au Mans. Il s'agit ici de la 962C de Reuter-Toivonen-Lehto dans l'édition 1991 des 24 Heures.

Les panneaux de carrosserie étaient en fibre de verre et Kevlar. Le capot avant et l'aileron arrière étaient différents selon la configuration de chaque circuit.
La principale différence entre la 956 et la 962 concernait le pédalier. Sur la première, il était situé au-delà de l'axe des roues avant, alors qu'il se trouvait en arrière de cet axe sur la seconde. Sur la 956, la structure supérieure de l'habitacle était en alliage; cependant, pour respecter le règlement IMSA, celle de la 962 était en acier.

Toutes les pièces de la Porsche, tel ce porte-moyeu, étaient d'une qualité irréprochable.
Les gros disques ventilés de 33 cm de diamètre, avec leur étrier à quatre pistons.

La plupart des modèles possédaient un embrayage classique. D'autres étaient équipés d'un double embrayage semi-automatique.

Le bloc-moteur à six cylindres à plat en alliage léger.

A l'arrière, les combinés ressort-amortisseur étaient montés « inboard » et inclinés.

La suspension avant conventionnelle, avec les doubles triangles de longueurs inégales.

A l'origine, le moteur six cylindres à plat fut conçu pour Indianapolis, mais un changement de réglementation empêcha Porsche de l'aligner. Il disposait d'un double système de refroidissement: air pour les cylindres, eau pour les culasses.

Le moteur de la 956 avait deux arbres à cames en tête par banc de cylindres, quatre soupapes par cylindre et deux turbocompresseurs. La 962 destinée à la série américaine IMSA était équipée d'un moteur à simple arbre à cames, de deux soupapes par cylindre et d'un seul turbocompresseur.

En 1985, le châssis à empattement long utilisé en IMSA fut adopté pour les courses de Groupe C, mais avec le moteur double arbre. Ici, la voiture de Derek Bell au Mugello.

Extrait de "L'atlas des Bolides" des Editions Atlas