Lagonda V12

Au départ des 24 Heures du Mans 1939 qui réunissent 42 concurrents, deux Lagonda font figure d'outsiders. Les spécialistes les jugent trop jeunes et pas assez fiables; pourtant, elles se classeront 3e et 4e, à la moyenne de 134 km/h et après avoir couvert 3229 km!

Même leur créateur, qui n'était autre que W. O. Bentley, n'avait pas prévu un tel résultat, lui qui s'était montré peu favorable à leur engagement dans une épreuve qu'il jugeait trop dure pour elles. Quatre ans plus tôt, une voiture de la marque avait pourtant remporté les 24 Heures du Mans. Mais cette année-là aussi, Lagonda avait été mise en vente, suite à de graves difficultés (stock important d'invendus et manque de trésorerie) qui avaient entraîné son dépôt de bilan, avant d'être sauvée par un jeune homme de loi, Alan Good, qui persuada Bentley, malheureux chez Rolls-Royce depuis la vente de sa société, de se joindre à lui.
Bentley va remanier la Lagonda 4,5 litres, pour en faire un modèle plus raffiné, et travailler à un moteur V12 pour un nouveau châssis. Son lancement interviendra en 1937. C'est le seul V12 britannique, mis à part celui de la Rolls-Royce Phantom 111 : sa cylindrée n'est guère supérieure à celle du Lagonda LG6, mais il développe 180 ch. 11 se caractérise par une course courte qui lui confère une grande souplesse.

De Brooklands au circuit de la Sarthe

Peu après la mise en production, Lord Howe pousse une LagondaV12 à plias de 170 km/h sur la piste, en très mauvais état, de Brooklands - une bonne publicité ! - et Alan Good décide que Lagonda doit absolument s'engager au Mans. Pour Bentley, c'est un choc : il estime qu'il lui faudrait 18 mois supplémentaires pour préparer correctement une voiture. Mais Good insiste. Et en moins de six mois, deux voitures sont préparées : les modifications principales sont le montage de quatre carburateurs et d'un réservoir à essence plus volumineux, l'augmentation du taux de compression et, bien évidemment, le montage d'une carrosserie 2 places spéciale. L'une des voitures bénéficie d'une brève course d'essai à Brooklands, alors que l'autre prend directement la route pour la France. Les deux Lagonda d'Arthur Dobson-Charlie Brackenbury et de Lord Selsdon-Lord Waleran respecteront scrupuleusement la vitesse moyenne de 133 km/h prescrite par Bentley (soit à 1,6 km/h de plus que la moyenne du vainqueur précédent) et ne connaîtront aucun incident, sauf lorsque l'échappement de la voiture de Dobson risqua de lui fausser compagnie.

Souplesse et puissance du moteur V12

Le Lagonda V12 de série pouvait équiper trois châssis, le plus long atteignant 3,5 m. Les mêmes carrosseries d'usine étaient disponibles indifféremment pour les LG6 et les 12-cylindres, et extérieurement seuls les avertisseurs, bien visibles sur la LG6, dissimulés sur la V12, permettaient de distinguer un modèle d'un autre.
La Lagonda V12 sera produite à 189 exemplaires au total, 113 et quatre prototypes sur châssis court, 60 sur châssis moyen et 12 sur châssis long.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

Dimensions et poids :
Non indiqués.

Moteur :
Douze cylindres en V ; cylindrée 4500 cm3; puissance 185 ch (136 kW).

Performances :
Vitesse maximale : 180 km/h environ.

Si l'on sait que les pilotes des deux Lagonda devaient respecter une certaine moyenne, on comprend mieux pourquoi le compteur de vitesse, gradué jusqu'à 190 km/h, était disposé de cette façon-là.

Seules modifications importantes par rapport au V12 de série, le moteur des deux voitures engagées au Mans reçoit quatre carburateurs et son taux de compression est augmenté.

Extrait de "L'atlas des Bolides" des Editions Atlas