Bentley EXP Speed 8

Bentley effectue, en 2001, son grand retour aux 24 Heures du Mans, 71 ans après sa dernière apparition. La venue de la célèbre marque sur le circuit de la Sarthe se préparait de longue date puisque l'EXP Speed 8 a notamment été soumise à plus d'une année de tests en soufflerie, sans parler des innombrables heures d'essais sur circuit.

Cette décision de revenir au Mans avec une machine hypermoderne est symptomatique de l'ambiance qui règne au sein de la noble marque britannique qui entend, au début du XXIème siècle, prouver qu'elle est encore bel et bien la sportive qu'elle s'est toujours vantée d'être. La conception de cette bête de course repose sur trois arceaux de fibre de carbone. Le plus grand entoure la voiture derrière le pilote, le plus petit cerne le pédalier alors que le troisième arceau, central, encercle la structure de la voiture autour des genoux du pilote. L'ensemble représente la plate-forme sur laquelle est fixée la carrosserie - elle aussi entièrement en fibre de carbone -, créant une monocoque exceptionnellement robuste, rigide et légère. En effet, le tout ne pèse que 70 petits kilos!
La Bentley EXP Speed 8 est propulsée par un moteur V8 de 3,6 litres gavé par deux turbocompresseurs qui lui confèrent la puissance de plus de 600 chevaux pour un couple dépassant 650 Nm. Le poids total est de 900 kilos, mais il faut préciser que le bolide a dû être lesté polir l'atteindre. Ce poids correspond de fait au minimum exigé au Mans pour courir dans la catégorie très fermée des prototypes, dans laquelle la Bentley est engagée.

Des roues de 14 pouces

Contrainte supplémentaire dans cette catégorie: les roues ne peuvent excéder 14 pouces, contrairement aux autres prototypes qui peuvent « chausser » du 16. Les essais en soufflerie ont permis d'améliorer l'appui aérodynamique. Bentley déclare
« La force d'appui est telle qu'on pourrait croire qu'EXP Speed 8 a une Bentley Arnage boulonnée sur le toit! ».
Deux EXP Speed 8 ont donc été engagées aux 24 Heures du Mans 2001. L'une d'elles, la n° 7, pilotée par Brundle-Ortelli-Smith, se permit même de mener la course durant la première heure avant d'être contrainte à l'abandon le samedi à 21h40 en raison d'un problème de sélection des vitesses. La seconde, menée par Andy Wallace, Butch Leitzinger et Eric van de Poele occupait la 17e position après une heure de course. Au prix d'une remontée très impressionnante, elle terminait ces 24 Heures d'enfer - le temps a été exécrable durant toute la course, obligeant même Jacky Ickx, directeur de l'épreuve, à faire intervenir la voiture de sécurité à quatre reprises - à une fabuleuse troisième position. Ainsi, après 71 ans d'absence du circuit sarthois, Bentley renoue du premier coup avec le podium!
C'est de bon augure lorsqu'on se souvient qu'Audi, double vainqueur en 2001, occupait aussi cette place en 1999, lors de sa première sortie mancelle. Ainsi, le groupe Volkswagen, nouveau propriétaire de la marque britannique de prestige, n'aura pas à regretter les investissements considérables que représente la préparation de deux voitures pour cette épreuve très importante.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

Dimensions et poids :
longueur 4,63 m ; largeur et hauteur non indiquées; poids 900 kg.

Moteur :
Huit cylindres en V ; alésage x course non indiqué; couple maxi plus de 650 Nm; cylindrée 3600 cm3; puissance plus de 600 ch (plus de 455 kW).

Performances :
Vitesse maximale plus de 320 km/h; accélération (de 0 à 160 km/h) env. 6 sec.

La Bentley EXP Speed 8 n°7 abandonenra à 21h40 le samedi sur ennuis de boîtes de vitesses.

Chez Bentley, on était alors réaliste et prudent; les Audi étant intouchables, on n'envisageait pas de victoire avant 2002 ou 2003, cette fois avec un moteur maison et non plus avec un moteur Audi.

Extrait de "L'atlas des Bolides" des Editions Atlas