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La saison 2000 de Sébastien Bourdais
Bourdais, l'élève doué
Après une quatrième place aux 24 Heures du Mans, une qualification en première ligne à Monaco en F 3000, le champion de France de F 3 en titre s'affirme comme étant une valeur montante.
AVEC
ses lunettes sur le nez, le gamin a l'air plutôt sérieux mais ne
s'y prend pas... au sérieux. Premier de la classe, certes, mais pas donneur
de leçons, le « petit Bourdais ». D'ailleurs, il ne fait pas
semblant. Ainsi l'an dernier, Sébastien, du haut de ses dix-neuf ans, combinait
titre de champion de France de F 3 et première année réussie
à la fac, inscrit en DEUG de mathématiques et d'informatique. Le
papa, Patrick, qui, en son temps, tâta lui aussi du volant en compétition,
n'était jamais loin dans les stands pour veiller sur le fiston, unique.
Parfois,
il semblait vivre encore plus intensément les courses que son garçon,
se rongeant les ongles devant les écrans de télévision, comparant
les différents chronomètres, arpentant les garages à grandes
enjambées.
Cette année, ce petit prodige de la Filière
Elf, en quelque sorte élève d'Henri Pescarolo, évolue en
« international », puisqu'il a débuté en Championnat
de F 3000, catégorie considérée comme l'antichambre de la
F 1, sous les couleurs de Gauloises Formula, le Junior team Prost Grand Prix,
quia déjà son pilote-essayeur, Stéphane Sarrazin, engagé
lui aussi dans le même Championnat.
Malgré une apparence juvénile
et réservée, Bourdais sait ce qu'il veut et le dit quand besoin
est, à sa façon.
II souhaite faire du mieux qu'il peut, réussir
« des coups », car il a rapidement compris le système de cette
formule monotype où l'essentiel ne réside pas forcément dans
l'intérêt technique de cette discipline réduit à la
portion congrue, mais plutôt à se faire remarquer. Par des patrons
d'équipes de F 1 qui assistent normalement à ces courses en lever
de rideau à leur GP.
« Je ne suis pas satisfait de nos résultats
en ce début de saison car nous aurions pu en décrocher de meilleurs,
comme au Nürburgring, où certes nous partions de loin mais... »,
explique-t-il, pas complètement ravi de cette quatrième place acquise
sous le déluge en Allemagne qui le crédite actuellement de trois
points.
Objectif F 1
Puis il évoque, à ce jour, sa
plus grosse déception, Monaco, la dernière épreuve disputée
du calendrier de F 3000. Sébastien avait décroché une spectaculaire
qualification en première ligne sur ce redoutable circuit urbain qu'il
ne connaissait pas, dont on dit qu'il -révèle les pilotes. Bourdais,
le jeune garçon, si calme d'apparence, presque timide, avait osé.
« J'ai mis à fond », racontait-il tout heureux. II ne
s'était pas posé de question, n'avait pas songé aux conséquences
catastrophiques d'une coque endommagée contre les rails en qualifications,
avait témoigné d'un tempérament certain au volant. Malheureusement,
le Manceau n'eut guère le temps de se révéler davantage,
de poursuivre sa démonstration. A Sainte-Dévote, après un
fantastique départ, grâce auquel il avait pris le dessus sur Saelens,
le poleman, il était accroché par le Belge et partait dans le décor.
II aurait pu s'emporter, mais il était trop déçu. Son but,
à lui : se faire remarquer en piste, pas en dehors par des sorties verbales
tapageuses.
Deux semaines après cet épisode malheureux, il allait
vivre une formidable expérience, chez lui, au Mans, en décrochant
une quatrième place à bord de la Courage du père «
spirituel » Henri Pescarolo. « Travailler avec lui, c'est gage
de sécurité, d'expérience. » Sûr qu'il voudra
recommencer pour faire mieux, pour se construire encore. « Le Mans m'a
permis de conjuguer toute une somme de détails que j'avais appris jusqu'alors.
» Le retour à la F 3000, aujourd'hui à Magny-Cours, s'avère
un peu plus délicat.
Consciencieux de nature, Bourdais n'a pas eu l'occasion
de réviser. Non seulement il a mis entre parenthèses ses partiels,
mais il n'a jamais roulé avec une F 3000 sur ce circuit. « Je
ressens une certaine pression, d'autant que nous sommes en France. »
Avec son esprit cartésien, il poursuit : « Certains nous attendent
car nous évoluons à domicile, ce n'est pas pour autant que la voiture
fonctionnera mieux », déclare Bourdais qui n'a jamais gagné
dans la Nièvre.
Il essaiera encore une fois... Il vise une victoire
cette année. Un gage essentiel afin de poursuivre la route si longue et
tortueuse vers la F1.
Sébastien
BOURDAIS (FRA, 21 ans) Célibataire, né le 28 février 1979.
1996 : vainqueur des 24 Heures du Mans karting.
1997: vice-champion
de France de Formule Renault.
1999 : champion de France de Formule 3.
2000 : 10ème au classement provisoire du Championnat international
de F 3000 ; 4ème des 24 Heures du Mans, associé à
Olivier Grouillard et Emmanuel Clérico (Courage C 52-Peugeot, écurie
Pescarolo).
Interview extraite de "L'Equipe"
La saison 2001 de Sébastien Bourdais
"Je regarde devant"
Injustement mis à pied l'hiver dernier, Bourdais a repris son destin en mains et demeure, à 22 ans, l'un des meilleurs espoirs de la relève française. En ce lendemain de GP de France, il semblait indispensable de le rappeler...
L'an
passé, ici même, vous aviez signé la pole position dès
le début de la première séance. Sans votre sortie dans les
premiers tours, était-il possible de rééditer pareil exploit
cette année ?
Je suis sorti dans un tour qui n'était pas
spécialement le plus rapide. J'avais de gros problèmes avec l'équilibre
de la voiture et je n'ai pas pu exploiter mon premier train de pneus neufs. En
fait, nous pensions que, contrairement à l'année dernière,
nous aurions davantage d'adhérence lors de la seconde séance. Ce
qui n'a pas été le cas. C'est dommage car la voiture est parfaitement
équilibrée à ce moment-là...
Quel
bilan dressez-vous de votre première partie de saison ?
Un bilan
plutôt décevant, car nous sommes passés à côté
de très bons résultats. Notamment en Autriche, où j'occupais
la pole position. Malheureusement, Friesacher a perdu le contrôle de sa
voiture au bout de la ligne droite et m'a entraîné avec lui. À
Imola, j'aurais dû être devant mais je sors l'auto. Nous avons du
potentiel, mais nous manquons pour l'instant de réussite en course. C'est
frustrant aussi bien pour moi que pour l'équipe.
Depuis
le début de saison, vous figurez régulièrement sur les trois
premières lignes de la grille. Preuve qu'avec cette Lola difficile à
cerner, vous avez trouvé une bonne base de réglages. C'est plutôt
de bon augure pour la suite...
À force de travail, on finit effectivement
par obtenir une bonne voiture en fin de séance. Malheureusement, c'est
à chaque fois un peu tard. Cela s'explique par le fait que nous n'avons
pas l'expérience de l'an passé. De plus, ayant signé relativement
tard Dams, je n'ai pas pu effectuer beaucoup d'essais cet hiver avec ma nouvelle
équipe.
Vu le peu d'essais en F3000, est ce important
de pouvoir rouler et disputer des courses d'endurance chez Pescarolo Sport ?
Le
fait est que cela me permet d'acquérir davantage d'expérience et
de rouler plus souvent. Ce qui ne peut pas être néfaste. De là
à dire que cela m'apporte quelque chose pour la F3000... Ce sont des voitures
difficilement comparables. Disons que cela m'affûte un peu plus le "feeling".
On
peut également imaginer que les excellents chronos signés au Mans
(durant la nuit et sous la pluie, Sébastien était plus rapide que
les Audi. Ndlr) puissent vous permettre d'obtenir un futur volant d'usine.
Pourquoi
pas... Mais pour l'instant, mon objectif reste la F1. Si je ne parviens pas y
accéder, il sera temps d'envisager autre chose. À ce moment-là,
sauf si Pescarolo Sport obtient le soutien officiel d'un constructeur, il me faudra
aller frapper aux portes d'écuries d'usine si je veux gagner ma vie en
sport automobile.
Le futur et notamment la saison 2002
commencent à se préparer. Quelles sont vos différentes options
?
La
plus vraisemblable, aujourd'hui, est une troisième saison en F3000. J'espère
pouvoir prouver d'ici la fin de saison que je ne suis pas trop 'arrêté"...
Et vu mon expérience, je pense être en mesure d'intéresser
plusieurs écuries. II faudra voir quelles sont les différentes propositions
et choisir la bonne. D'autant: qu'avec l'arrivée de la nouvelle Lola, il
y aura certainement une nouvelle redistribution des cartes. On ne sait pas de
quelle manière la discipline va évoluer...
Que
pensez-vous du championnat Premier mis sur pied par différents clubs de
football et qui, selon les organisateurs, devrait voir le jour dans un an ?
On
connaît très peu de choses sur ce nouveau championnat. II faut voir
comment cela va se présenter. Pour l'instant, j'avoue que je n'en sais
pas suffisamment pour savoir si cela est susceptible de m'intéresser...
En
cette période de Grand Prix de France, une certaine presse ne jure que
par Jonathan Cochet, le nouveau pilote-essayeur Prost GP et, depuis peu, pilote
au sein du Prost Junior Team. Deux places qui devaient théoriquement vous
revenir l'hiver dernier. Comment vivez-vous cette situation ?
Je crois
tout simplement que j'ai été victime des circonstances. Pedro Diniz
est devenu l'associé d'Alain Prost et à partir de là, je
suis devenu l'élément de trop. Car, vraisemblablement, ils n'avaient
pas envie de mettre de l'argent de la F1 en F3000. Ils ont donc recruté
deux pilotes payants. Or, manifestement, cela ne s'est pas bien passé (Filiberti
puis Varano ont respectivement quitté l'écurie avant le GP de Monaco
et d'Europe. Ndlr). Du coup, l'écurie s'est retrouvée dans l'obligation
de trouver deux nouveaux pilotes, dont Jonathan. Mais il ne sait toujours pas
s'il sera confirmé pour la prochaine épreuve étant donné
qu'il court jusqu'à maintenant sans avoir eu à apporter de budget.
Pour le poste de pilote-essayeur, Jonathan a eu la chance d'être dans le
bon wagon grâce au soutien de Acer. II est aujourd'hui, grâce à
son statut, devenu le pilote français à la mode. C'est malheureusement
un peu comme cela que fonctionne la presse. Elle constate ce qui arrive sans regarder
dans le rétro. On ignore donc que Cochet a battu un certain Bourdais en
Formule Renault. Et. que le Bourdais en question a battu à son tour Cochet
en Formule 3 deux années de suite... Qu'importe, j'ai trouvé aujourd'hui
refuge ailleurs et préfère désormais regarder devant...
Estimez-vous
la' situation de Jonathan aujourd'hui plus enviable que la vôtre ?
Je
l'ignore. J'espère pour lui qu'il aura la chance de montrer ce qu'il vaut
au volant de la M. Maintenant, je ne suis pas persuadé qu'ils aient vraiment
l'argent pour le faire rouler suffisamment. On verra combien de séances
d'essais il effectuera. Ce qui est sûr, c'est qu'il vaut mieux qu'on parle
de toi. Et si être pilote essayeur est un moyen d'y parvenir, alors c'est
une bonne chose...
Né
le 28 février 1979 au Mans (Sarthe).
1991-93 : champion de ligue minimes
et cadets.
1995 : 9e Coupe de France Campus.
1996 : 7e
chpt. de France Formule Renault (La Filière).
1997 : vice-champion
de France Formule Renault (4 vict. ; 11 pod. ; 5 PP) (La Filière).
1998
: 6e chpt. de France F3. Vainqueur du Trophée Enjolras (La Filière).
1999 : champion de France F3 (8 vict. ; 3 PP) (La Filière).
2000
: 9e du chpt. F3000 inter (9 pts/1 pole) (Prost Jr Team). 4e
aux 24 H. du Mans (Pescarolo Sport).
Henri
Suzeau - Envoyé Spécial
Interview
extraite Auto Hebdo Juillet 2001
La saison 2002 de Sébastien Bourdais
BOURDAIS-SUPER
NOVA
C'est signé !
Après
des semaines de tergiversations, les négociations entre Sébastien
Bourdais et David Sears (patron de Super Nova) ont finalement connu un heureux
dénouement, lundi dernier. « Les discussions se sont éternisées
autour de questions budgétaires », a expliqué le pilote manceau.
« David Sears m'a offert la chance, à l'occasion d'un test à
Barcelone, de montrer ce que je vaux au volant d'une très bonne voiture.
11 a souhaité m'avoir dans son écurie pour disputer le titre 2002
et s'est efforcé de trouver une partie du financement. Je dois également
la signature de mon contrat à la démarche entreprise par la FFSA,
partie prenante dans les négociations et dans l'apport d'un budget réunissant
différents partenaires. Sans cela, le projet n'était pas réalisable
».
Un projet que Jacques Régis, président de la FFSA, a
suivi de près comme le souligne Éric Barbaroux, son nouveau Directeur
général : « Après n'avoir longtemps compté que
sur le soutien de constructeurs nationaux, la FFSA cherche aujourd'hui de nouveaux
partenaires. PlayStation est le premier à nous rejoindre. Renault fait
également partie des financiers, même si son rôle est modeste
par rapport à ce que le constructeur français aurait pu faire. De
fait, le ministère de la Jeunesse et des Sports s'inquiète aujourd'hui
que la France ne compte plus qu'un seul pilote en F7. Cela fait partie de la délégation
de service public dévolu à la FFSA. Soutenir Sébastien est
donc très cohérent. 11 incarne la figure de proue de ce dispositif,
qui va être monté sur plusieurs années. Citons, aussi, le
rôle déterminant de Hugues de Chaunac dans les négociations
menées avec le patron de Super Nova ».
Classé quatrième
au championnat 2001 (victorieux à Silverstone), Bourdais-qui aura Tiago
Monteiro pour équipier-se fixe comme objectif logique de remporter le titre,
cette saison. Évoquons enfin l'éventualité que David Sears
gère, également, les intérêts du Français au-delà
de la F3000. Rappelons que le Britannique manageait, encore récemment,
un certain Juan-Pablo Montoya qu'il avait pris sous sa coupe en 1998 avec le titre
F3000 à la clé. On tonnait la suite...
H.
Suzeau
Article
extrait de Auto Hebdo
Bourdais chez Super Nova
IL
Y AURA UN FRANÇAIS cette année en F 3000. Le plus expérimenté
d'entre eux à ce niveau, Sébastien Bourdais; et dans l'une des deux
équipes les plus performantes du plateau : Super Nova (le Renault F 1 team
junior 2002), qui mena Juan Pablo Montoya au titre 1998 et fit courir l'Australien
Mark Webber, l'an dernier. La signature s'est faite, hier, entre David Sears,
le team-manager de Super Nova qui depuis longtemps cherchait à engager
Bourdais mais se heurtait à un problème de budget (le matériel
Lola, rénové cette année, cote cher...), et la Fédération
française du sport automobile, maître d'oeuvre du projet.
Dans
son souci de promouvoir un pilote de monoplace pour tenter de garantir une présence
française en F 1 le jour où Olivier Panis, unique représentant
en GP, décidera de se retirer, la FFSA a fédéré toutes
les énergies possibles: de Hugues de Chaunac qui mena les premiers contacts
avec David Sears aux sponsors PlayStation et Renault F 1 qui ont permis à
la fédération de boucler une partie du budget nécessaire,
en passant par le soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports. «Sans
l'aide de la fédération, je n'y serais pas arrivé »,
soulignait, hier, le pilote manceau, avant de s'envoler pour Imola et sa première
séance d'essais officiels avant une deuxième série de tests
à Silverstone puis la première course de la saison, le 30 mars au
Brésil. « Chaque personne impliquée dans ce projet a mis
un peu de côté ses intérêts propres pour que cela marche,
notait-il, à moi de faire ce qu'il faut, maintenant », concluait
Sébastien qui, par ailleurs, disputera aussi les 24 Heures du Mans dans
l'écurie Pescarolo Sport. - S. B.
Article extrait du journal "L'Equipe" 06/03/2002
Discussions avec Sauber
On le sait aujourd'hui, pour une raison de trop grand gabarit, Jos Verstappen ne sera pas recruté comme pilote d'essais pour l'écurie de Hinwill. Reste, néanmoins, que l'écurie helvétique a un besoin urgent de pilote d'essais après avoir constaté que ses deux titulaires ne pouvaient éternellement enchaîner week-end de course et essais privés. « Ils arrivent le mercredi, pas complètement remis de leur Grand Prix, souligne Jackie Eeckalaert, et nous devons trouver une solution ! » Solution qui pourrait avoir pour nom Sébastien Bourdais qui, à l'occasion du dernier Grand Prix du Brésil, a rencontré Peter Sauber. Cela dit, évidemment, l'affaire est loin d'être conclue puisque le sociétaire de l'écurie Super Nova en F3000 n'est pas le seul sur les rangs. L'autre nom qui circule avec insistance est celui du jeune Kubica, Polonais de 17 ans au potentiel certain et au passeport intéressant pour la F1. Intégré à la filière Renault managée par Flavio Briatore, Kubica dispute cette année l'EuroCup F. Renault Une série que les Suisses regardent, évidemment, avec intérêt depuis le passage de Kimi Raikkonen !
Article extrait de AutoHebdo n°1335 04/04/2002
Un certain optimisme
Vous
signez à Imola votre deuxième pole position d'affilée dans
des conditions de piste totalement différentes de celles du Brésil
il y a quinze jours...
La piste était, effectivement, très
humide puis elle a, peu à peu, séché au cours de la première
séance. Ma voiture n'était pas parfaite. Mais, plutôt que
de rentrer au stand pour modifier les réglages, nous avons jugé
qu'il fallait mieux rester en piste pour améliorer les temps dès
que les conditions de piste le permettraient. Cela s'est avéré payant.
D'autant que la pluie a redoublé durant la deuxième séance
et que quasiment personne ne s'est montré plus rapide (seuls Enge et Wirdheim
ont amélioré leur chrono. Ndlr).
Lors du
départ et, ensuite, en course, avez-vous été réellement
inquiété par Rodrigo Sperafico ?
Je pense que nous avons
pris un départ assez similaire. Ensuite, il ne m'a jamais vraiment menacé.
II m'a seulement mis beaucoup de pression. Ma voiture n'étant pas parfaitement
équilibrée, puisque nous n'avons pas roulé sur le sec la
veille et que les conditions de piste étaient très différentes
de celles des tests d'intersaison, les deux ou trois premiers tours ont été
difficiles à gérer. Toujours est-il qu'elle s'est révélée
plutôt dans le coup, comparée aux autres. Rodrigo est parti en pneus
neufs et nous, en pneus rodés. J'ignore quelle était la meilleure
option. Je pense qu'il disposait d'un peu plus de motricité que moi, ce
qui l'a aidé dans certaines portions. Mais j'étais avantagé
dans d'autres parties.
Auriez-vous été
en mesure de riposter si Sperafico s'était sérieusement rapproché
?
Je gardais une marge raisonnable pour ne pas commettre de faute. Je
savais qu'ainsi, il lui serait difficile de venir me chercher car c'est un circuit
sur lequel il est difficile de doubler. II fallait juste continuer à rouler
sans trop regarder dans les rétros...
Dans les
derniers tours, la pluie a fait son apparition. Étiez-vous spécialement
inquiet ?
Très inquiet. Tout en essayant de rester concentré,
je regardais le ciel et redoutais l'averse. Car, dans ces conditions, il est toujours
difficile de savoir s'il faut rester en "slicks" ou, au contraire, s'arrêter
pour chausser les "pluie". Quand il ne reste que quelques tours, que
tout le monde est sous pression, on ne sait jamais comment cela va se passer.
Considérez-vous
avoir fait progresser la voiture depuis la course du Brésil ?
Difficile
à dire car la piste d'Imola est très différente. Le problème
ici, c'est que si vous générez un léger survirage, vous tapez
les vibreurs. Ce qui a tendance à renvoyer violemment la voiture. Je pense
néanmoins que nous sommes parvenus à avoir une monoplace plus calme,
plus stable, que lors des essais FIA de mars. C'est une voiture assez pointue
à régler, qui fonctionne dans une fenêtre très étroite.
Quoiqu'il en soit, même avec une monoplace qui n'est pas encore pleinement
satisfaisante, nous avons toujours été dans le coup. La meilleure
preuve est que nous avons signé la pole et remporté la course.
Comparée
aux équipes pour lesquelles vous avez couru les saisons précédentes,
en quoi Super Nova est-elle différente, voire supérieure aux autres
?
Sur ce que j'ai pu en juger, pour l'instant, je dirais que la force
de Super Nova est d'avoir une voiture très constante, quelle que soit la
piste. Ce qui nous permet d'être toujours bien placés et d'envisager
aujourd'hui la suite du championnat avec un certain optimisme.
Votre
remarquable début de saison apporte également la confirmation à
certains et la preuve à d'autres de votre potentiel. Notamment aux écuries
F1, qui pourraient s'intéresser à vous...
J'espère
seulement que cela va générer quelque chose. Le but de la FFSA,
en investissant sur ma saison, consiste à préparer l'accession d'un
nouveau Français en F1, pour 2003. J'essaie de montrer que je peux être
celui-là. II me faut donc, dans un premier temps, remporter le titre en
F3000. On s'y attèle. Et si nous réussissons, je pense que nous
aurons de bonnes ouvertures.
Quelle est la teneur des
contacts que vous avez avec l'écurie Sauber ?
C'est assez simple.
Jacky Eeckelaert (directeur d'Exploitation Sauber. Ndlr) est quelqu'un que j'apprécie
beaucoup. C'est réciproque. Je pense qu'il aimerait avoir un pilote d'essais
pour le mardi suivant les Grands Prix, afin de soulager le travail des deux pilotes
titulaires. C'est dans ce sens que nous discutons. Mais dans un premier temps,
il faudrait pouvoir effectuer un test et voir ensuite...
Il
y a quelques années, David Sears (patron de Super Nova. Ndir) s'est occupé
avec succès de promouvoir Montoya auprès des écuries F1.
En sera-t-il de même avec Bourdais ?
Nous nous entendons plutôt
bien et sommes effectivement en train d'en discuter. David jouit d'une grande
crédibilité dans le paddock F1. Comme il m'a donné ma chance,
il aimerait faire partie de l'aventure. Si aventure il y a. À nous de créer
les opportunités...
Comment vos résultats
sont-ils perçus au sein de l'écurie Renault F1 ?
Pour
l'instant, c'est un peu trop tôt. Je pense qu'il faut laisser le temps au
temps. Tout ce que j'espère, c'est parvenir à provoquer ma chance
grâce à mes résultats. Nous verrons ce qu'il en sera dans
quelque temps.
Dans quinze jours, vous disputerez la
troisième manche du championnat à Barcelone. Comment abordez-vous
ce tracé ?
Des quelques circuits où nous avons tourné,
cet hiver, c'est le seul sur lequel la voiture n'a pas vraiment été
dans le coup. Mais il faut interpréter cela avec réserve car il
s'agissait des premiers roulages. Depuis, nous avons modifié la voiture
et je suis plutôt confiant. Je pense que nous n'avons pas à nous
mettre de pression inutile. Tout le monde s'entend bien dans l'écurie et
c'est un tracé que j'apprécie. Donc, cela devrait bien fonctionner...
La F3000
1.
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