C'EST REGRETTABLE, mais il faut désormais ranger l'aimable Pierre-Henri Raphanel dans la catégorie pilotes rangés des bagnoles. De ceux qui ont touché à tout, à la Formule 1 sommairement, à l'endurance solidement, au Championnat GT efficacement. Et désormais à la télévision, laquelle pourrait lui offrir, et de loin, la palme du meilleur consultant ès auto pour son talent, sa faconde et son expérience offerts aux téléspectateurs d'Eurosport. Alors, lorsque Raphanel parle de ses anciens adversaires, l'écoute s'impose. « Bouchut ? Le meilleur Français en endurance actuellement. Évidemment. » Et pourtant, seuls les amateurs inconditionnels du sport auto connaissent ce garçon souriant parfois; avide de reconnaissance tout le temps; talentueux incontestablement.
On n'inscrit pas sur son palmarès « vainqueur des 24 Heures du Mans, des 24 Heures de Daytona et de celles de Spa » sans un certain coup de volant. Qui plus est lorsqu'on est sacré trois fois champion du monde ces trois dernières années (1) dans la série qui se rapproche le plus sans doute d'une endurance, bien mal en point, et que l'on reçoit son trophée à Monaco, le même soir et dans les mêmes conditions qu'un certain Michael Schumacher...
«
Quand un jeune débute en sport auto, explique Bouchut, il rêve naturellement
de Formule 1, d'autant que nous commençons tous par la monoplace. Mais
il y a d'autres aspects que la Formule 1, sacralisée par les médias
et la Fédération internationale automobile. C'est vrai, lorsque
j'ai tourné le dos aux monoplaces, en 1994, j'étais frustré,
mais en arrivant dans le monde de l'endurance, je me suis aperçu combien
elle était intéressante, valorisante et humainement plus riche que
la F 1. Celle-ci m'intéresse si peu que j'ai décliné l'offre
de piloter la voiture médicale sur les Grands Prix après un essai
concluant. Mais l'ambiance y est malsaine de par l'excès d'argent. (...)
Non, je ne suis pas aigri ! J'ai une vie professionnelle active, très active
même ; une vie familiale épanouie. Et je gagne. On me proposerait
aujourd'hui d'échanger ma place avec Olivier Panis, je dirais non. »
Forfanterie
? Allez savoir... « J'aime la valeur humaine de l'endurance et si je n'ai
pas piloté cette année au Mans pour une grande équipe, c'est
que je préférais continuer sur la Viper de mon écurie, Larbre
Compétition, celle avec laquelle j'ai été champion du monde
ces dernières saisons. L'endurance est une histoire d'hommes, avec ses
courses qui durent trois heures, six, douze ou vingt-quatre. Et puis, nos voitures
sont de sacrés engins. Ma Viper est en bout de développement, mais
elle a presque 700 chevaux sous le capot, quasiment toutes les sophistications
possibles. Et, en plus, elle a de la gueule ! »
CHRISTOPHE
BOUCHUT 35 ans. Leader du Championnat de France de supertourisme 2003 (92 points)
après six courses sur quatorze (3 victoires; Nogaro, Dijon, Pau).
Champion
de France de Formule 3 1991.
Vainqueur des 24 Heures du Mans 1993, des 24 Heures
de Daytona 1995, des 24 Heures de Spa 2001 et 2002.
Champion du monde FIA N-GT
2000, GT 2001 et 2002.
(1) Champion du monde FIA N-GT sur Porsche GT3 en 2000, puis GT 2001 et 2002 sur Chrysler Viper.