Mercedes 300 SL

Mythique 300 SL

A UNE ÉPOQUE (le milieu des années 50) où l'histoire de Ferrari balbutiait encore, la Mercedes 300 SL est vite apparue comme l'image d'Épinal de la voiture de sport. Célèbre grâce à ses portes « papillon », elle l'était aussi pour ses performances, exceptionnelles à l'époque : grâce aux 215 chevaux de son six-cylindres en ligne de 3 litres, le premier moteur de série équipé de l'injection directe, elle pouvait en effet filer à plus de 250 km/h.
Dérivée du prototype qui s'était il lustré aux Mille Milles et à la Carrera Panamericana, elle était par ailleurs dotée d'un châssis-cage qui, malgré ses proportions généreuses, lui permettait de n'afficher que 1 295 kg sur la bascule, le réservoir plein de 130 litres d'essence.
Cette mythique 300 SL, nous avons eu le privilège de l'essayer sur les routes de Toscane en même temps que sa nouvelle descendante. L'occasion de mesurer le chemin parcouru, pour le pire et pour le meilleur...
S'installer dans la 300 SL n'est pas chose facile : il faut enjamber le large ponton latéral puisse laisser glisser aufond du siège baquet après avoir pris soin de basculer le volant articulé vers l'avant. Celui-ci est en effet d'un diamètre gigantesque, ce qui n'empêche pas la direction d'être aussi lourde que celle d'un camion.
Elle est dépourvue d'assistance et la chasse importante du train avant, nécessaire afin d'assurer une bonnestabilité à haute vitesse, n'arrange pas les choses. Manier l'engin n'est alors pas un jeu d'enfant et contre-braquer encore moins. Sur les petites routes glissantes, il faut donc veiller àremettre les gaz avec parcimonie sous peine de voir le train arrière s'embarquer dans des dérives plus généreuses que désirées.
Les pneus ne sont, il est vrai, pas très larges alors que le moteur déborde, lui, d'énergie. Très souple, il permet d'enrouler les virages en troisième mais se déchaîne dans un rugissement réjouissant passé 3 500 tr/min, jusqu'à à, grimper à 6 000. Pas plus assisté que la direction, le freinage réclame quant à lui un réel effort si on veut obtenir un ralentissement convenable.
Les progrès accomplis en matière de tenue de route, de sécurité et de confort n'en apparaissent que plus impressionnants.
Mais, en cultivant à merveille l'art de faire apprécier chaque geste, chaque instant passé à son volant, la 300 SL n'en fait pas moins regretter amèrement l'évaporation, avec le temps, des sensations qui sont l'essence de la conduite sportive. - J.-L. C.

Article paru dans « L'Equipe » du 24/10/2001