1954
voit la nouvelle Jaguar de course d'endurance, la « D » ou «
XK D », de conception très avancée : carrosserie monocoque
en magnésium, avec appuie-tête et dérive, dessinée
par Malcolm Sayer et testée en soufflerie, freins à disque, barre
de torsion sur les quatre roues, réservoir d'essence souple, boîte
à quatre vitesses, toutes synchronisées ; moteur de type C, à
trois carburateurs Weber 45 à carter sec, poussé à 250 ch
et incliné à 8° dans le berceau ; roues magnésium de
16°. Son poids : 900 kilos. Puis, au fil des épreuves, elle reçoit
successivement : culasse et arbre à cames wide angle, injection Lucas,
bloc-moteur de 3,8 1, carrosserie tout aluminium de même dessin, avec ou
sans dérive, avec ou sans long pose (carrosserie plus longue pour le Mans).
La puissance atteint 300 à 305 ch en 1957, mais, de toute façon,
la « D » est capable de dépasser les 300 km/h (Hawthorn, au
Mans 1955 : 308 km/h ; Hamilton, au Grand Prix de Casablanca 1955
316 km/h).
A
sa première sortie, la XK D manque de peu la victoire aux Vingt-Quatre
Heures du Mans, où des incidents mineurs la relèguent à la
deuxième place ; mais tout de suite après, elle prend sa revanche
aux Douze Heures de Reims en remportant les première et deuxième
places.
La « D » est ensuite construite en petite série
et proposée aux intéressés dans sa version short nose, avec
caisse aluminium sans dérive et moteur de 250 ch ; mais tout pilote de
notoriété peut acquérir à l'usine les améliorations
reçues au fil des épreuves. I1 en sera vendu 75 exemplaires, dont
16 en 1957 sous le vocable « XK SS », c'est-à-dire le type
D équipé pour le grand tourisme.
Avec 160 km/h atteints en 14
secondes et une vitesse de pointe garantie à 265 km/h, la nouvelle Jaguar
démarra en trombe la saison 1955
première aux Douze Heures de
Sebring, à Snetterton, à la Coupe de Paris, au Grand Prix d'Helsinki,
à l'Ulster Trophy, aux Trois Heures de Goodwood, au Trophy Race, à
Chaterhall, à Aintree, à Silverstone et à Watkings Glen.
L'endurance n'est pas sa seule qualité !
Puis c'est l'effroyable tragédie
des Vingt-Quatre Heures du Mans (85 morts). Le même jour, le fils de William
Lyons est lui-même victime d'un accident mortel de la route en s'y rendant.
La D remporte une victoire et un record du tour très amers.
1956 apportera
des joies plus fortes : Coupe de Paris, Spa, Silverstone, Six Heures de Goodwood,
Cumberland, Douze Heures de Reims, Trois Heures de Goodwood, et, pour la quatrième
fois, les Vingt-Quatre Heures du Mans. Par ailleurs, William Lyons est élevé
à la dignité de « sir > par la reine Elisabeth II
et Johnston est sacré champion d'Amérique sur type « D ».
Après
ces victoires sans appel, l'usine fait savoir qu'elle abandonne la scène
internationale et laisse aux propriétaires de la « D » le soin
de ramasser les lauriers. Ils font mieux encore, puisque 1957 est l'année
d'un triomphe jamais atteint aux Vingt-Quatre Heures du Mans avec les première,
deuxième, troisième, quatrième et sixième places par
l'écurie écossaise, l'écurie française et l'écurie
belge.
A l'usine, par contre, c'est la catastrophe : le feu se déclare
dans le magasin des pneus et les deux tiers de la compagnie brûlent, condamnant
la chaîne des XK SS et repoussant la sortie de la « type E »,
dont le premier prototype roule déjà.
Enfin, pour 1958, la F.I.A.
limite les cylindrées des sport-prototypes à 3 1 et c'en est fait
du moteur XK (3,4 I et 3,8 1) en course, quoique Hamilton, sur une
D » de l'écurie d'Écosse, équipée d'un 3,4-litres
réduit à 3 1, faillit bien l'emporter s'il n'avait pas eu un accident.
En
1960, le prototype « DE », ou « E II A », est équipé
d'un 3-litres expérimental à injection (293 ch) conçu par
l'usine ; racheté par Cunningham, il fera le meilleur tour aux Vingt-Quatre
Heures (aux essais) et cassera son vilebrequin en course.
Sur le continent
l'ère Ferrari commence. En Angleterre, les D sont battues sur leur propre
terrain par les HWM, Cooper, Tojeiro et Lister, qui utilisent toutes les moteurs
de la D, mais sur des châssis plus récents. Archie Scott-Brown, sur
le prototype Lister Jaguar 3,8 1 de 305 ch, remporte alors 12 courses sur 14 et
tous les records du tour. Pendant ce temps, les voitures de tourisme et de luxe
ne sont pas oubliées. La MK V avait été rapidement supplantée
par la berline de voyage à six places MK VII, équipée du
moteur XK de 3,4 1 d'une puissance de 160 ch et présentée au Salon
de Londres 1950. Testée à 165 km/h elle est vendue 1 000 livres
sterling plus les taxes ; aussi en quelques mois les commandes reçues des
États-Unis atteignent-elles le chiffre de 27 millions de dollars, il en
sera vendu, de 1951 à 1956, plus de 30 000 exemplaires. Dès 1953,
la boîte automatique est offerte en option, puis l'overdrive en 1954 et
le moteur 190 ch en 1955. Dans cette dernière version, elle remporte le
Rallye de Monte-Carlo en 1956.
Des perfectionnements ultérieurs (pare-brise
panoramique, augmentation de puissance à 170 km/h) la conduisent à
l'appellation de « MK VIII » en 1957 ; enfin, recevant le moteur de
3,8 1 de 220 ch (185 km/h), les freins à disque et la direction assistée,
elle s'appellera « MK IX » en 1958.
Dans l'entrefaite (1955), W.
Lyons avait mis en production une berline à quatre places et quatre portes,
d'une cylindrée de 2 483 cm', moteur XK de 112 ch et deux carburateurs
Solex, dénommée < 2,4-litres Saloon » et, plus tard,
MK I ; testée à 165 km/h, elle recevait en option le moteur de 3,4
1 de 210 ch (1957) et dépassait les 195 km/h.
Ces deux voitures seront
remplacées en 1959 par la MK II (voie arrière plus large, freins
à disque et roues à rayons de 15°, moteurs de 2,4 1, 3,4 1 ou
3,8 1 au choix, soit de 115 à 220 ch avec un maximum de 205 km/h pour la
plus puissante. Cette MK Il restera en production jusqu'en 1967 (après
avoir reçu la boîte à quatre vitesses synchronisées)
et, de 1960 à 1964, sera absolument imbattable en rallye et sur piste dans
les courses réservées aux berlines à quatre places.
Elle
remporte deux Coupes des Alpes, le Rallye des Tulipes, la Coupe du Salon, Hockenheim,
le Rallye de Genève, le Tour de France automobile (Tourisme) en 1960, 1961,
1962, 1963, les Six Heures du Nürburgring en 1962 et 1963, les Six Heures
de Brands Hatch en 1962 et 1963, les Douze Heures du Nürburgring, les Soixante
Heures de Pukekhoe et plus de quarante épreuves de vitesse sur piste.
Nocker
est sacré champion d'Europe 1963 sur MK II 3,8 1, et à Monza une
3,8-litres parcourt plus de 16 000 kilomètres à 170 km/h de moyenne
(records internationaux). Aux États-Unis, elle est sacrée «
voiture de l'année ».