Mon carnet de route: Tome 3

Lundi matin : 07h45, dans le TGV qui nous ramène, Michaëlo et moi, à Nantes. Nos différentes occupations dominicales ne m'ont pas permis de mettre le nez dans mon carnet comme j'aurais souhaité le faire. Pourtant, je vous ai quitté samedi soir, et il s'en est passé des choses depuis. Ce n'est pas facile de remettre dans l'ordre tous ces souvenirs qui se chevauchent dans ma tête, surtout que je suis dans un état pitoyable? Quand je vous disais que ce genre de week-end est des plus fatigants, je ne rigolais pas. J'aurai été à bloc durant quatre jours, mais qu'est-ce que c'est bon la vie à 300 à l'heure, j'en redemande!

Jérôme Mugnier en pôle position...devant Laurent Chauveau

Je vous avais laissé sur la pole de Pescarolo Sport, samedi soir. Reprenons si vous le voulez bien.
Samedi : 20h00, Laurento vient de poster nos articles, et je constate avec plaisir que vous êtes nombreux à être connecté, et à attendre avec impatience les dernières nouvelles fraîches, et vous ne serez pas déçus. Pour cette soirée, nous aurons le privilège et le suprême honneur d'accueillir dans nos rangs le désormais célèbre et excellent Jérôme Mugnier (www.virages.net). Nous ne le regretterons pas, car l'ambiance du dîner sera des plus animées. Le repas du soir est l'occasion pour chacun de nous de totalement relâcher la pression accumulée durant la journée. En un mot, nous craquons, nous rions d'un rien, les blagues se ramassent à la pelle et les éclats de rire pleuvent. Bien sur, pratiquement toutes nos discussions gravitent autour de l'endurance, mais au fil des jours et des meetings passés ensemble, chacun commence à se connaître de mieux en mieux, et bientôt la complémentarité sera parfaite. Il règne une excellente ambiance dans ce groupe, et pourtant, ça ne fait pas longtemps que nous travaillons ensemble.
Jérôme est en forme et heureusement, car l'attente est longue avant d'être servi, si bien que nous en venons à nous demander, si nous, autres Français sommes toujours pressés, impatients de tout avoir sans attendre? Jugez plutôt : «Avez-vous remarqué qu'une Audi qui rentre au stand, ça fait audiaudiaudiaudiaudiaudiaudiaudiaudiaudiaudiaudi ? (NDLR : à dire très rapidement pour avoir l'effet)», nous glisse Jérôme. Par chance, nous étions presque seuls dans le restaurant, l'autre table étant celles des collègues de Le Mans Racing, donc nous ne nous sommes pas retenus. Sur cette intervention, Laurento perdra son leadership, qu'il avait activement défendu jusque là, malgré une dernière offensive que je vous laisse apprécier à sa juste valeur : «Jean-Philippe Belloc devra aller au charbon demain sur sa Courage». Les lasagnes passent toutes seules et le dessert finit de nous plomber. Tant mieux, car il faudra s'endormir le plus rapidement possible ce soir, dimanche étant LA grosse journée. Les minutes de sommeil sont précieuses...

Un premier relais...Collardesque!!

Dimanche : 7h00. le réveil est délicat, et à la différence de mes collègues, qui sont dès le petit déjeuner dans le vif du sujet, il me faudra toute la matinée pour émerger. La journée va être longue.
10h45, la manche de Belcar ne va plus tarder à se terminer et il est largement temps d'aller prendre les places dans la tribune, d'autant plus qu'elles ont l'air d'être chères. En plus, j'ai du matériel à installer avec mes collègues supporters. A peine arrivé, je fais la rencontre de LaGliche, qui m'a "reconnu". Je ne suis pas arrivé trop tôt, et j'ai la place que je souhaitais, en face de la première ligne dans les gradins couverts, au premier rang. Rémi me rejoint bientôt comme prévu, et nous commençons à installer nos toiles. Mine de rien il nous faut de la place, et les spectateurs acceptent avec un large sourire que nous les dérangions le temps de notre mise en place. Tout ça pour accueillir en fanfare la superbe C60.
La grille se remplit et devient peu à peu impressionnante. Elle n'a rien à envier à une certaine formule qui se prétend numéro un, mais qui constitue une farce et un gâchis économique de premier ordre plutôt que du sport automobile. Au passage des deux splendides poupées russes du Team Convers, je me remémore les girls du Barron Connor Racing à Monza et au Mans. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'ont pas froid aux yeux...ni autre part d'ailleurs. Et si vous me permettez la métaphore, le Dermophil Indien semblait de rigueur pour ne pas se gercer les lèvres.
Le départ constitue une grande inconnue. La Pescarolo va-t-elle tenir la dragée haute à la DBA de N. Minassian dans le Raidillon? C'est avec une attention extrême que nous surveillons ce premier passage, et à priori, c'est passé. Il faut dire que le brouillard nous empêche de voir clairement ce qu'il se passe tout là haut. L'amorce du second tour viendra finir de dissiper nos doutes, puisque Manu Collard a déjà pris quelques longueurs d'avance sur la fusée bleue. Longueurs qui vont s'amplifier au fil des tours pour devenir un avantage plus que conséquent. Nous sommes aux anges. Si bien qu'au bout de la première heure et après la rentrée définitive de la Courage officielle, nous décidons de quitter notre poste pour aller tenter quelques clichés. Rendez-vous est pris pour l'arrivée, en face du stand de la n°17.

Dernière chance pour les photos

En ce qui me concerne, direction salle de presse, où je compte retrouver mes deux compères. Laurento y est à l'affût du moindre fait de course, carnet et stylo en main, les yeux scotchés à la télé et aux chronos. On ne s'improvise pas journaliste du jour au lendemain. Vous aurez sans aucun doute apprécier ses différents compte-rendu en live de la course. Si ça, ce n'est pas du professionnalisme. J'en connais d'autres qui n'ont même pas fait le déplacement et qui se permettent de parler de "Courage C65 officielle". Juste le temps de décharger les photos sur le portable, de prendre de l'eau, et je pars avec Michaëlo à l'arrêt de bus, tenter de "récupérer" mes tentatives infructueuses de la veille. Je me suis rencarder auprès d'Eric Fabre, et j'espère cette fois-ci ramener des clichés convaincants. Parce que Michaëlo de son côté, m'écoeure avec les siens. Et compte tenu des conditions climatiques exécrables, je ne m'en sors pas trop mal, le problème étant le peu de luminosité qui règne sur le circuit. En même temps, c'est un métier. Je serai vaincu par ma batterie et contraint à déclarer forfait.
Retour à la salle de presse pour la recharger. Les deux tiers de course sont maintenant passés, et c'est avec déception que je vois la Pescarolo perdre successivement la première et la seconde place. C'est dommage que le Safety Car ait eu autant à sortir, la course étant probablement un peu faussée. Mais elle n'est pas encore terminée, et on ne sait jamais...un incident est si vite arrivé. Et cet incident survient une heure avant le terme des 1000 km, avec la rentrée aux stands de l'Audi Oreca. Hugues de Chaunac venait à peine de terminer, souriant, son interview, j'allais pour ma part rejoindre la tribune où Rémi m'attendait pour l'arrivée, et cet évènement me retient quelques minutes. Juste le temps de voir passer la R8 dans la pit-lane et de constater les irrémédiables dégâts. La seconde place se profilant pour Pescarolo Sport, c'est sur un rythme décidé et motivé que je gagne mon poste aux côtés de Rémi.

Une seconde place qui vaut bien une victoire.

Il reste donc moins d'une heure de course, et j'en profite pour shooter une dernière fois les autos en piste, depuis la tribune. L'exercice est délicat mais très intéressant, et ces ultimes photos seront réussies. J'emmagasine un maximum de points de repère pour les prochaines fois. Les voitures se font plus rares sur la ligne d'arrivée et la fin de course est assez tranquille. Une dernière montée d'adrénaline survient lorsque nous voyons la Zytec, alors leader, repasser par son stand. Il ne nous faut pas longtemps pour comprendre que c'est pour faire le niveau de carburant en vue de l'arrivée, rien de grave n'ayant été annoncé par le speakers. Et finalement peu après 18 heures, la Zytec Danoise reçoit le drapeau à damiers. La Pescarolo passe quelques instants plus tard et nous l'accueillons comme il se doit, à grands coups de sirènes.
Sitôt le podium LM P1 terminé, je salue mon collègue, et regagne illico presto la salle de presse pour les différentes conférences. J'en profite également pour récupérer un maximum d'autographes sur mon affiche grand format. La salle de presse va se vider progressivement, et nous serons parmi les derniers à quitter les lieux, après avoir assister Laurento dans son ultime article. La course est terminée depuis seulement deux heures, et vous avez déjà cet article à disposition. Ici Spa, c'était la dernière intervention d'ICA, à vous les studios.

Puisqu'il faut conclure...

Lundi : 6h15, debout là dedans, il y a un train à prendre. Vous remarquerez, que plus le week-end avance, et plus nous nous sommes levé tôt. Et il s'en est fallu de peu que nous ne rations le TGV. 8h15, pour la première fois depuis vendredi matin, le soleil est de retour. La dernière fois que nous l'avions eu, c'était déjà dans le train. Je savoure ces rayons bénéfiques et chaleureux. Nous avons amené la pluie en Belgique, nous l'avons subi une fois sur place, et pour finir nous l'avons ramenée en France dans nos bagages. Mais aux dires de tous les protagonistes présents pour cette première manche du cru 2005 des L.M.E.S., ce fut un meeting des plus classiques, atmosphériquement parlant. Ce voyage vers Nantes est un retour aux dures réalités, après les trois jours "Off" que je viens de passer. Il va falloir se remettre très rapidement au boulot, le concours n'est plus très loin. Mais avant ça, je réserve mes billets d'avion pour Monza dès cet après-midi!

Voilà c'est donc fini. Plus j'y repense et plus je me rends compte que c'était génial. Un seul petit regret, je n'ai pas réussi à "me faire" le mythique Raidillon de l'Eau Rouge, ça sera pour la prochaine fois. J'aurai aussi bien aimé avoir un peu plus de temps pour faire de la chasse aux autographes.
Le rêve tant attendu ne s'est pas concrétisé, mais ce n'est que partie remise, et les très bonnes dispositions de la Pescarolo me laissent penser que la victoire n'est plus très loin du tout. Elle n'a d'ailleurs jamais été aussi proche, et il se pourrait qu'à Monza, la Marseillaise résonne à nouveau, après de trop longues années de disette. Monza, il me tarde déjà d'y être, et j'y serai. A peine Spa terminé, que déjà, il faut penser au second round. Je suis contaminé par le virus de l'endurance, et je peux vous l'affirmer sans prendre de risques, les L.M.E.S., ça déchire!!
Ma carte de visite se remplit progressivement de circuits plus célèbres les uns que les autres : Le Mans, le Bugatti, Monza, Nürburgring, Spa. Il en reste encore un paquet à faire, mais je suis déjà tellement satisfait. Mais c'est bien d'en vouloir toujours plus, exigeons le meilleur, et le plus rapidement possible pendant que la flamme vacille. On n'aura pas forcément une autre occasion. Saisir l'opportunité, dès qu'elle se présente, pour ne rien regretter plus tard.
Ce week-end a été l'occasion pour moi de me rendre compte de la place prépondérante qu'occupe l'endurance dans ma vie, et j'espère l'avoir aborder avec la dignité et l'humilité qui s'imposent, en étant conscient de la chance que j'ai de pouvoir vivre cette passion si intensément. Un jour, quelqu'une m'a dit de «continuer à partager ces moments forts»; j'espère ne pas avoir failli à cette recommandation, et avoir réussi à vous transmettre un peu (beaucoup) de toutes les émotions qui m'ont traversé ce week-end, et je vous donne rendez-vous lors de la prochaine épreuve à Monza.

Merci à Laurento, Michaëlo, Eric, Jérôme, et à vous tous.

Passionnemans
Thomas BRIERE, alias, le petit homme vert.