Pescarolo Sport : Saison 2003

Ça tourne !

Pescarolo Sport a procédé à de nouveaux essais sur le circuit Bugatti. Le travail a porté sur les brides 2003 et la soupape de décharge du turbo. Depuis le début de l'année, les Verts ont beaucoup tourné sur la piste militaire d'Angers, pour travailler sur l'aérodynamisme. Le flux interne va évoluer, avec une position des radiateurs et des échangeurs modifiée. A cette occasion, Henri Pescarolo a même repris le volant. Son écurie travaille désormais l'aéro directement sur la piste et plus avec la soufflerie de Saint-Cyr. Le fait que celle-ci ne soit pas dynamique les a emmenés dans une mauvaise voie, selon Henri Pescarolo. Côté pilotes, Boullion et Lagorce devraient être rejoints par Eric Hélary. Stéphane Sarrazin a été vu dans le stand à l'occasion de ces essais. (D.L.)

Extrait de "Le Mans Racing" n°13 Avril 2003

En vert et bleu

Résolument optimiste, Henri Pescarolo mise sur la fiabilité pour un bon résultat d'ensemble ô combien important pour la suite. Egalement sur ses pilotes qu'il respecte énormément.

« Je ne suis pas un joueur de poker. Mais à un moment, il a bien fallu que je me « mouille ». Avec Sodemo pour fiabiliser le moteur, avec faéro pour lancer les recherches. C'était fondamental sinon on prenait du retard ! » Assis à son bureau, le lendemain des essais préliminaires de mai, alors que tout son staff s'affaire à analyser les données enregistrées la veille, Henri Pescarolo se livre à nous. Après un hiver difficile, voire même pénible en raison de la situation internationale, Pescarolo avoue n'avoir pu réunir le budget qu'il espérait. Ce risque assumé, Henri a heureusement pu constater, dès les premiers roulages de la C60 "Évolution 2003", qu'il était sur la bonne voie. « A Estoril, tout a bien marché, ce qui n'est jamais évident en début de saison avec du matériel neuf. On a pu voir qu'on avait bien progressé, notamment par rapport à Dome. » Quant au test d'endurance de Magny-Cours, destiné à juger de la fiabilité du moteur V6 Peugeot nouvelle mouture - et donc réalisé avec le même moteur qu'au Portugal -, il fut probant. « Ces trente heures sans aucun pépin (NDLR : en comptant Estoril et ce test d'endurance) sont d'autant plus rassurantes qu'on a terminé les essais du Mans avec le même bloc ! Alors de ce côté-là, c'est un souci de moins. Même si comme tout le monde, on a perdu en puissance, donc en vitesse de pointe. »
Aux essais préliminaires de mai, pour tenter de trouver le comportement idéal, Henri Pescarolo a fait travailler ses équipes en toute indépendance. « L'une a privilégié l'appui tandis que l'autre travaillait sur la finesse aérodynamique. Maintenant, on analyse toutes les données relevées : températures, usures partielles, consommation... Ceci, dans le but d'adopter le meilleur compromis possible. Mais quoi qu'il arrive, on n'aura jamais la possibilité d'aller chercher Audi et Bentley à la régulière. »

Le regard de Peugeot
C'est clair et net dans l'esprit du team manager et on peut lui faire confiance pour faire passer le message ! Mais pour autant, comment faudra-t-il mener ce qu'il est convenu d'appeler une guerre d'usure? « On ne devra pas s'occuper des autres. A aucun moment ! Si on va à la chasse d'un gibier inaccessible, c'est connu : on gâche ses cartouches ! On sait donc qu'on sera derrière. A nous d'être prêts à sauter sur la moindre occasion ! C'est une position qui me convient assez car tout peut arriver dans cette course. Avec les pilotes qu'on a, l'équipe technique à leurs côtés et la fiabilité retrouvée, on doit pouvoir prétendre, en se plaçant entre la 10e et la 12e place en début de course, à finir dans les cinq premiers. »
D'ores et déjà, on sait que le staff Peugeot avec Corrado Provera en chef de file sera présent ce weekend-là en Sarthe. Sur ce plan-là, le sorcier sarthois sait mieux que quiconque quelle importance cette 71e édition prendra pour lui et tout son team. « 2004, lâche-t-il enfin l'air pensif après un long silence, c'est l'incertitude la plus totale pour beaucoup de choses. Or, on sait bien que les bagnoles se vendent mal chez PSA comme chez les autres. Par ailleurs, Peugeot a un contrat sur le long terme avec une marque de cigarettes en rallye. Etre parmi les cinq premiers au Mans est pour nous plus qu'important. Il nous le faut et alors, je serais le plus heureux des hommes. » Pour que Pesca voit encore la vie en vert, et pourquoi pas maintenant en bleu, on croise donc tous les doigts.
Pour arriver à ce résultat, l'ancien vainqueur au Mans a foi en ses hommes qu'il a choisi, comme à son habitude. avec le plus grand soin. L'un d'entre-eux, Jean-Christophe Boullion a vraiment senti le vent du boulet passer au-dessus de sa tête lors du test de Magny-Cours. A une demie heure du coup de sifflet final d'un test d'endurance partagé par les six pilotes de Pescarolo Sport, la C60 lui a échappé dans le virage d'Estoril. Le silence qui a suivi le fracas sur le circuit de Magny-Cours résonne encore dans la tête d'Henri.

Respectueux de ses pilotes
Cet avertissement sans frais a peut-être aussi permis à chacun de bien se mettre dans la tête qu'aucune faute ne devra plus intervenir jusqu'à la ligne d'arrivée des 24 Heures. « C'est même notre seule chance de parvenir à un résultat probant. Après ce coup dur, le groupe s'est bien ressoudé comme on l'a constaté aux essais. Je le sens compact. Et comme la voiture est mieux que l'an passé, les pilotes savent que je compte sur eux. Je les ai choisis pour leur talent, mais aussi pour leur état d'esprit. Ils ont tous le même niveau et surtout, ils se respectent entre eux. »
Henri, qui se refuse à désigner comme leader un équipage plutôt qu'un autre, met en tous les cas ses six hommes sur le même plan. « La seule différence c'est que Lagorce et Boullion sont les hommes de base de Pescarolo Sport depuis le début et le sont encore pour toute cette saison. » Et lorsque de Chaunac a libéré Sarrazin pour cause de forfait au Mans, Henri n'a pas hésité longtemps. « C'est quelqu'un de sérieux, respectueux des consignes et bien dans sa tête. A Estoril en remplacement de Lagorce, il s'est parfaitement intégré à l'écurie. Quant à Hélary, pilote Peugeot, c'est une référence dans le milieu. Et puis il a gagné au Mans. Ayari aurait dû être en F 1. Une belle carrière mais pas la chance au bon moment. Enfin, comme tous les autres, Minassian mérite le plus haut niveau. Il était libre, je l'ai pris. Je crois que tous ensemble, nous allons faire un super boulot aux 24 Heures. »

Extrait de "Le Mans Racing" n°15 Juin 2003

Le Lion ne rugira plus

Le temps du V6 Peugeot semble terminé, Pescarolo Sport cherche un nouveau moteur pour 2004

Au même moment où Peugeot perd son titre de Champion du Monde des Rallyes sur le sol anglais, le Lion peut s'honorer d'une bien jolie performance au 1000 km du Mans. Et cela, il le doit à la formidable équipe qu'a su metttre en place Henri Pescarolo. A force d'abnégation, le quadruple vainqueur du Mans a su rassembler les compétences d'une véritable « Équipe de France » pour faire briller en Endurance les couleurs du motoriste français. Châssis Courage C60 performant, ingénieurs de talent avec André de Cortanze et Claude Galopin, et pour couronner le tout la fine fleur des pilotes français avec les Bourdais, Sarrazin, Lagorce, Hélary, Ayari, Minassian ! Dommage pour lui, le team Pescarolo Sport aura trouvé sur sa route une invincible Audi. Mais surtout l'écurie mancelle n'aura jamais bénéficié de l'appui complet et direct de Peugeot. « Via la Sodemo, nous ne ormes qu'un simple fournisseur de moteurs » soutient inlassablement Corrado Provera, le patron de Peugeot Sport. La compétitivité du V6 turbo 3,2 litres, issu du modèle 607, n'aura donc jamais atteint celle du V8 turbo 3,6 litres Audi, beaucoup plus puissant et surtout beaucoup moins gourmand. Si Peugeot cesse sa collaboration, quel moteur pour Pescarolo l'an prochain? « Rien n'est arrêté », souligne laconiquement Pesca. Judd tiendrait la corde avec son gros 5 litres « coupleux » entrevu sur les pistes américaines. Mugen a déjà proposé ses services. Visiblement tout sera conditionné par l'arrivée d'un très gros sponsor. La perte de Peugeot coûterait 2 millions d'euros. Cher mais rien en rapport de la F1. En attendant André de Cortanze est fin prêt à se remettre au travail. Dans les cartons : une voiture hybride inspirée du nouveau règlement ACO (une voiture fermée ?...) avec plein d'innovations « aéros ». C'est en décembre qu'Henri pourrait donner son feu... vert ! P.P.

« Nous sommes là et bien là ! »

L'enfant prodige du Mans était de retour parmi les siens, pour décrocher une 2e place synonyme d'invitation aux 24 Heures.

Le Mans Racing : Qu'est-ce qui a motivé ta présence aux 1000 km du Mans ?
Sébastien Bourdais : Je suis très attaché à Pescarolo Sport. J'ai participé au développement de l'auto. La course avait lieu chez moi. J'ai demandé à Henri s'il était intéressé. Il a tout de suite répondu "oui".

Le Mans Racing : Comment a évolué la voiture depuis la dernière fois où tu l'as pilotée ?
Sébastien Bourdais : C'était à Spa en 2002. On avait déjà fait un grand pas depuis les 24 Heures, où on était vraiment "en panne". Au début, son potentiel était inutilisé, puis l'équipe a revu l'aérodynamique. Les finances ne permettaient pas un programme en soufflerie mais il ont fait un beau travail en effectuant des essais en ligne droite. L'appui a été optimisé et le châssis est désormais bien équilibré.

Le Mans Racing : Quel est le point faible de la voiture ?
Sébastien Bourdais : Un déficit de puissance ! D'environs 80 ch sur l'Audi. Sodemo a fait du bon travail mais c'est un moteur dérivé de la série qui n'a que 6 cylindres. De plus, le changement de brides en début de saison nous a davantage pénalisé qu'Audi. Il ne faut pas se méprendre : notre objectif n'est pas de battre les usines mais de prouver que le travail de quelques hommes peut ressembler à quelque chose. On est là et bien là !

Le Mans Racing : Peut-on espérer te revoir aux 24 Heures l'an prochain ?
Sébastien Bourdais : C'est surtout une affaire de date. Cette course me tient à coeur et c'est une chose dont je dois discuter avec le team Newman-Haas. Je ne pense pas qu'il y ait de barrage systématique. Aux USA, on est plus branché course que business.

Le Mans Racing : As-tu toujours l'espoir d'aller en F1 ?
Sébastien Bourdais : A court terme, mon objectif, c'est remporter le championnat CART en 2004. Si ça veut sourire, je serai peut-être en F1 en 2005. Je n'ai aucune garantie. En attendant, je fais mon boulot au mieux. J'ai la possibilité de gagner tous les week-ends et je suis heureux de mon sort.

Le Mans Racing : Et l'Endurance ?
Sébastien Bourdais : Si on me proposait un bon programme, s'il existait un vrai championnat du monde avec l'ACO et des constructeurs, je serais intéressé. On ne sait pas de quoi demain sera fait mais c'est le genre de chose que j'imagine bien faire dans une petite dizaine d'années. F.H.

Extrait de "Le Mans Racing" n°18 Décembre / Janvier 2004

­ Retour ­