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Revue et corrigée
Henri
Pescarolo n'a jamais eu peur de prendre des risques. Après ceux encourus
au volant,
il se lance aujourd'hui dans une aventure moins périlleuse
sur le plan physique mais tout autant
incertaine au niveau sportif. Car la
Courage C 60-Peugeot Evo 2002 va devoir concrétiser,
sur le terrain,
les espoirs de ses "parrains".
Pour
Henri Pescarolo, pas question de parler de choc ni même de surprise: «
Une fois peinte, les changements semblent mineurs. » Peut-être
mais, en y regardant de près, c'est bien une C60-Peugeot très éloignée
de la version 2001 qui va viser le podium des prochaines 24 Heures du Mans. Faut
dire qu'en laissant André de Cortanze tourner autour de la Courage, le
quadruple vainqueur des 24 Heures savait qu'il mettait en route un projet qui
n'a rien de commun avec celui d'un client qui se contente de faire courir une
voiture achetée pour se faire plaisir. Les modifications aérodynamiques
apportées à la voiture sont, d'ailleurs, tellement importantes que
l'ACO, pour respecter son règlement, a demandé à Yves Courage
son accord pour continuer à homologuer la voiture comme Courage C60. Et
dire que cela est parti d'une opportunité, comme la vie en réserve
de temps à autre. « André de Cortanze sortait d'une période
un peu dure pour lui et mon aventure l'a amusé. Sachant qu'aucun ingénieur
Courage ne se déplaçait sur les circuits, je voulais faire évoluer
l'auto sans toucher à la mécanique. En lui demandant d'agir, je
me doutais bien qu'André n'allait pas faire de la broderie dans son motorhome.
Comme il a de l'imagination, en partant de la carrosserie endommagée en
juin dernier, il a créé à coups de morceaux de mousse et
d'emplâtres de mastic, comme on le faisait dans les années 70, une
nouvelle voiture. Par retouches permanentes, il a travaillé sur l'avant
puis l'arrière et enfin, les pontons, au point qu'il ne reste pas une seule
pièce de carrosserie commune avec le modèle précédent.
» En tenant compte des finesses, comme la présence de supports d'aileron
qui deviennent des dérives, du déplacement des entrées de
refroidissement des freins ou des évacuations après les roues arrière,
parier d'auto complètement nouvelle n'a rien de déplacé.
En plus, il n'y a pas que l'aéro qui ait fait l'objet de développements.
Ainsi, Sodemo a travaillé sur un bloc coulé dans un alliage du type
de ceux utilisés en Formule 1. Les pistons sont nouveaux, la consommation
optimisée, l'admission canalisée au centre du moteur, les turbos
installés en position inversés pendant que la C 60-Peugeot 2002
bénéficie de la même direction assistée que les 206
WRC.
Crédibilité
Le coût de l'opération
est, sans doute, élevé mais la crédibilité de l'équipe
y a gagné d'autant. Mieux même si, en piste, les espoirs du triumvirat
Pescarolo-de Cortanze-Galopin se concrétisent, tout grand constructeur
désireux de s'investir dans un projet Le Mans sait qu'il peut compter là,
sur une base sérieuse. C'est tout le sens du pari de Henri Pescarolo, à
qui on ne pourra reprocher d'avoir ménagé ses efforts pour atteindre
l'objectif annoncé il y a deux ans, maintenant : remporter, avec son équipe,
les 24 Heures du Mans. Pour cela, aux cinq pilotes connus (Bourdais, Bouillon,
Hélary, Lagorce et Ortelli) s'ajoute le revenant Ukyo Katayama qui, ce
n'est pas un hasard, a bien connu de Cortanze, en 1999 avec Toyota. Par ailleurs,
le programme des C60-Peugeot passe aussi par le championnat FIA dans lequel sera
engagée une voiture pour Boullion-Bourdais, ce dernier étant remplacé
par Lagorce lors des week-ends de F3000. Pour l'instant, le premier problème
à résoudre est celui de la disponibilité du matériel.
Car vu l'ampleur des travaux, c'est une maquette constituée à partir
des masters qui a été présentée ce 2 avril. Et la
voiture qui prendra la piste dimanche, à Barcelone, ne sera qu'un modèle
2001 équipé du nouveau capot arrière, de la boîte Megaline,
des nouveaux échappements et de la direction assistée. Le 5 mai,
pour les essais préliminaires aux 24 Heures, malgré l'embauche de
personnes venant de chez Prost Grand Prix, il ne devrait y avoir qu'une seule
voiture 100 % nouvelle, ce qui permettra d'ailleurs d'intéressantes comparaisons.
C'est dire s'il va falloir beaucoup travailler, ces prochaines semaines dans le
Technoparc du Mans, pour être fin prêt à la mi-juin et se montrer
digne du statut d'adversaire prioritaire que lui a publiquement accordé
à Sebring, Wolfgang Ullrich, patron de la compétition chez Audi.
Le début de la reconnaissance pour cet audacieux pari.
Jean-Marc
Teissèdre |
Sensation : Pescarolo Sport
Avec Peugeot encore et plus !
Pour la troisième année consécutive, Peugeot sera partenaire de Pescarolo Sport pour la saison 2002. Une bonne nouvelle pour le quadruple vainqueur des 24 Heures qui entend aligner deux voitures au Mans en juin prochain.
Pour
Corrado Provera, directeur de Peugeot-Sport : « l'aventure sportive,
dans laquelle s'est lancée Henri Pescarolo voici deux ans, véhicule
des valeurs auxquelles Peugeot est particulièrement attaché. Le
défi des courses d'endurance impose un engagement collectif très
fort qui oblige à des prestations techniques de très haut niveau,
tout en redonnant à l'homme une place essentielle dans l'accomplissement
de la performance. La manière dont Henri et son équipe ont relevé
ce défi, les succès glanés cette année et l'écho
rencontré, aussi bien dans le public que parmi les personnels de notre
entreprise, nous ont convaincus de poursuivre notre engagement à ses côtés.
Nous mettrons donc en oeuvre les moyens nécessaires pour que l'écurie
Pescarolo Sport atteigne les objectifs qu'elle s'est fixée ».
Difficile
d'être plus clair ! Le grand « Pesca » peut souffler. L'aventure
continue et s'en trouve même probablement « boostée ».
« Avec ce renouvellement de contrat, sur des bases supérieures
à l'an passé, je peux effectivement avoir un peu plus d'ambition
» , souligne-t-il. Avant, très vite, de remettre les pendules à
l'heure : « Maintenant, il nous faut encore travailler et trouver de
nouveaux moyens. Car nous sommes assez loin du compte. L'année à
venir sera encore marquée par un éternel compromis entre l'argent
disponible et ce que l'on a envie de faire ».
Le
Mans et le FIA
Henri Pescarolo repart donc en campagne sur des bases connues
et éprouvées. « Tout au long de l'année le châssis
Courage C60 m'a donné entière satisfaction, dit-il. Maintenant,
il nous faut gagner en fiabilité moteur et en aérodynamisme. Sur
ce dernier point, André de Cortanze nous apportera une aide précieuse...
A lui de faire évoluer l'ensemble de la voiture ». Une voiture propulsée
par un double turbo étroitement dérivé du V6 ES9 J4S qui
équipe la 607 : « probablement l'un des meilleurs moteurs d'endurance
au monde », pour Pescarolo. « C'est avec lui que nous comptons participer
au championnat FIA et présenter deux voitures aux prochaines 24 Heures
du Mans » .
Depuis mi-octobre, dans les ateliers de Pescarolo Sport.
André de Cortanze, est donc venu renforcer le team sarthois. Il est déjà
à pied d'oeuvre pour relever ces deux défis. Sa principale mission
: faire évoluer une voiture élaborée autour du châssis
Courage C60. « Il a carte blanche, souligne d'emblée Henri Pescarolo.
Mais il faudra quand même faire avec les moyens du bord ». Le
concepteur de la 905 approuve d'un sourire et avance « Jusque-là,
j'avais la réputation d'être un ingénieur créatif...
Je le serai encore. Mais à peu de frais » . Dont acte ! André
de Cortanze est motivé pour relever ce défi. Une chance pour le
team. « Après Toyota, j'ai eu envie de faire autre chose,
explique-t-il. De m'investir dans un nouveau challenge et une autre ambiance
». Un changement de cap radical pour ce soixantenaire bon teint qui
a eu à diriger, en même temps, jusqu'à 450 personnes. «
Ici, j'entre dans une dimension plus humaine. Une petite structure où
chacun se sent impliqué, concerné par un projet commun »
. Une impression qu'il s'était déjà forgé lors des
24 Heures du Mans de juin dernier : « J'ai passé une petite partie
de la nuit avec Henri et son équipe. J'ai vu leur motivation et l'amour
qu'ils portaient à leur voiture. C'est à ce moment-là, que
j'ai eu envie de leur donner un coup de main ». Pas la peine d'en rajouter...
Pescarolo
- De Cortanze Sur la même longueur d'onde |
Bis
repetita |
Extrait de "Le Mans Racing" n°4 Décembre / Janvier 2002
De Cortanze sort sa griffe
Relookée par André de Cortanze, la Courage C60 de Pescarolo-Sport allie respect du châssis C60 et évolutions aérodynamiques.
Avec
cette voiture, nous avons tout fait pour nous rapprocher d'Audi, commente Henri
Pescarolo. Nous avons beaucoup travaillé pour ce résultat. C'était
une nécessité et nous désirons maintenant ne plus vouloir
nous contenter d'être les meilleurs derrière les bons. Henri Pescarolo
en est convaincu : le châssis aménagé de la Courage C60, allié
au moteur V6 3,2 litres turbocompressé, va être une arme redoutable.
Explications
« Lorsqu'André est arrivé, je l'ai tout
de suite freiné. Car, quand il se met à redessiner une voiture cela
devient grave !... En quelques coups de crayon, il vous invente une nouvelle auto
!... Or, je ne voulais pas toucher au châssis très performant conçu
par Yves Courage. Ni au moteur Peugeot développé par la Sodemo.
» « Nous sommes partis de l'échelle 1 pour retravailler
l'aérodynamique, confesse de son côté André de
Cortanze. Auparavant, avec la Peugeot 905 et la Toyota GT One, j'avais oeuvré
sur des voitures fermées. En étudiant de près la barquette
construite par Yves Courage, j'ai donc ré-appris quelque chose »
. L'ex-créateur de la GT One ne disposait pas du fichier Catia de cette
Courage C60. Il est parti tout simplement de la carrosserie existante pour la
faire évoluer. C'est à partir de blocs de mousse, taillés
et retaillés encore, qu'il a peaufiné les nouvelles formes de l'auto.
« Un travail beaucoup plus long mais tout aussi efficace que celui utilisé
par un ordinateur ». souligne-t-il. En aval, la soufflerie de Saint-Cyr
a parfaitement validé la nouvelle aérodynamique prônée
par De Cortanze. « Sur cette voiture je ne voulais pas un seul endroit
plat mais des ronds et des galbes partout ! Une carrosserie doit être comme
une jolie femme : c'est-à-dire avoir des rondeurs . Le gros du travail
a porté sur l'avant et l'arrière du prototype. A l'avant, nous avons
diminué l'appui. A l'arrière, nous avons réduit la traînée
aérodynamique. Coefficient de pénétration oblige, nous avons
énormément travaillé sur la finesse de l'ensemble. »
André de Cortanze nie avoir puisé toute inspiration du côté
d'Audi, grand dominateur de la discipline depuis deux saisons. « Je ne
regarde jamais ce que font les autres ! » réplique-t-il. Indubitablement
la nouvelle courage C60 a des petits airs de Toyota. Ne serait-ce qu'au niveau
de ses optiques avant et de son aileron arrière. Le « débourrage
de l'air » a particulièrement été soigné. En
amère des roues avant et surtout des roues arrière avec la présence
spectaculaire « d'ouies de requin » . Fin avril, soit un peu plus
d'une semaine avant les essais préliminaires, la piste aura déjà
donné son premier verdict sur cette Courage-Peugeot « Made by de
Cortanze » lors d'essais au Castellet. P.P.
Une paternité reconnaissable. D'entrée de jeu, Henri Pescarolo a laissé, André de Cortanze retravailler la robe de la Courage C-60. Le résultat est là : elle porte bien la patte du créateur de la Toyota GT-One. |
Un V6 ES9 J4 S, Peugeot renforcé. Le moteur des Courage-Peugeot reste le V6 3,2 litres suralimenté à double Turbos Garrett (estampillé ES9 J4S), issu de celui de la Peugeot 607. Il bénéficie de développements effectués à Magny-Cours par Sodemo qui lui donnent plus de puissance mais surtout plus de couple et d'endurance. Puissance maxi de l'ordre de 580 ch à 6500 tr/mn pour un couple maxi de 67 mkg à 5000 tr/mn. Brides Le Mans : 32,4x2. Pression turbo :1,88 bar. Régime maxi 7500 tr/mn. Poids 150 kg. Le moteur est couplé à la même boîte X-Trac qu'en 2001 mais avec la commande de Megaline au volant utilisée par Bentley l'an dernier. |
Modifications fructueuses
Au fur et à mesure des courses et des séances d'essais, l'équipe Pescarolo Sport fait évoluer sa version de la Courage C60. A Spa, la voiture verte présentait un nouvel aileron arrière, beaucoup plus bas et désormais porté par un double mât central. Elle réutilisait aussi la lame avant de la C60 originelle. Ces modifications semblent avoir été fructueuses, en témoigne la victoire dans l'épreuve ardennaise. Parmi les progrès, on note un niveau d'appui nettement meilleur. Le 15 octobre, Frank Lagorce, sur le circuit Bugatti, testait une nouvelle évolution de l'aileron arrière muni de grandes dérives verticales. Henri Pescarolo faisait remarquer que ces dérives seront "fortement recommandées en 2003 et obligatoires en 2004". Il s'agit donc d'un des premiers changements visibles de la nouvelle réglementation 2004. Toujours à la recherche de nouveaux partenaires, le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans a retrouvé le soutien des ascenseurs ATS pour trois ans. Ses voitures ont en effet porté les couleurs de ce sponsor en 1994 et de 1996 à 1999. Le partenariat de Peugeot continue l'an prochain, en témoigne la présentation au dernier Mondial de l'Automobile d'une version spéciale et unique de la Peugeot 607, baptisée "Pescarolo". (D.L.)
Extrait de "Le Mans Racing" n°11 Décembre / Janvier 2003
La
607 Pescarolo en vedette au Mondial de l'automobile
Robert
Sarailh avec Henri Pescarolo
En
présentant au Mondial de l'Automobile qui ouvrira demain, à la porte
de Versailles, une « 607 Pescarolo », Peugeot montre tout l'intérêt
qu'il porte au programme sportif d'Henri Pescarolo. Mais le constructeur sarthois
vient d'obtenir un autre soutien de choix. Robert Sarrailh, patron des ascenseurs
ATS, vient de signer avec lui un partenariat de trois ans.
PARIS. -
Sur le stand Peugeot du Mondial de l'automobile, la « 607 Pescarolo »
trône au milieu des nouveautés de la marque : la future 307 CC, le
concept-car Sésame préfigurant la prochaine 107 et une 206 RC survitaminée.
« Voilà qui prouve que nous avons avec Peugeot un partenariat de
plus en plus fort, explique Henri Pescarolo. A côté de cela, Peugeot
va même communiquer sur notre victoire du week-end 0 dernier à Spa.
»
De son côté, Corrado Provera, directeur de Peugeot Sport,
est fier de mettre en avant cette voiture-laboratoire qui ne sera pas, pour l'instant,
commercialisée mais qui recevra prochainement le moteur turbocompressé
de la Courage-Peugeot et qui sera ensuite testée par certains journalistes
spécialisés.
« On s'est dit que lon pouvait capitaliser
sur l'image d'Henri, sur son sérieux et son professionnalisme, avance Corrado
Provera. Et ce, au travers de cet exercice de style avec un look un peu différent
de la 607 classique, des suspensions et une liaison au sol à caractère
sportif. »
L'an prochain, Peugeot sera bien sûr une nouvelle
fois aux côtés de Pescarolo Sport. Un partenariat qui portera sur
la fourniture du même moteur dérivé de celui de la 607 mais
également sur des opérations parallèles. « Peugeot
sera à nouveau l'un des partenaires importants dans le budget d'Henri,
poursuit le patron du service compétition de Peugeot. Mais il restera évidemment
le maître chez lui. A lui, en retour de nous faire vibrer en gagnant des
courses. »
Dans l'attente des réglements
Pour
mener à bien ses projets, « Pesca » peut également miser
sur le soutien de l'un de ses vieux complices. « Robert Sarrailh est
un vieux sponsor pour moi. Il a également aidé des garçons
comme Aïello, Lagorce et aujourd'hui Bourdais. »
Patron d'ATS,
le fabricant d'ascenseurs, Robert Sarrailh est également un passionné
de compétition et de voitures anciennes. Il voulait recentrer ses activités
automobiles sur le même site et s'installera au technoparc du circuit du
Mans, sur le terrain jouxtant celui de Pescarolo.
« Après le
désistement, en début de saison d'un gros annonceur, il m'a aidé
à assurer mes échéances de fin d'année et a signé
avec nous un contrat de partenariat de trois ans. »
Henri Pescarolo
attend maintenant le règlement des prochaines 24 Heures du Mans et l'apparition,
malgré un contexte économique très défavorable, de
nouvelles courses d'endurance en Europe. « Une écurie ne peut
vivre en ne faisant qu'une seule course dans l'année. Nous avons besoin
d'initiatives privées. Et l'ACO a sans doute un rôle à jouer
pour favoriser l'organisation d'épreuves avant et après les 24 Heures
du Mans. On parle également de quatre courses de 1 000 kilomètres
en Angleterre, commanditées par un gros sponsor. Nous avons hâte
d'en savoir plus pour arrêter notre programme. Mais je puis déjà
vous assurer que nous présenterons deux voitures à l'Automobile
club de l'Ouest pour les 24 Heures 2003. »
Extrait de "Ouest France" 27/09/2002