Edition 1998 : Porsche

« PETIT LE MANS » deviendra grand. En nous acceuillant à la conférence de presse du 26 janvier dans le bâtiment -historique- de la DAS qui vit la naissance de l'A.C.O., le Président COSSON avait son petit sourire des grands jours. Face au portrait de Georges Durand « inventeur » des 24 Heures, entouré de J.P. Gervais et de J.P. Moreau, il rappela les temps forts que constituèrent le Grand Prix de l' ACF 1906, la première édition des 24 Heures du Mans en 1923... et peut-être bien un certain accord conclu le 19 janvier 1998 !

Cet accord avec le milliardaire américain Don Panoz, directeur du circuit de Sebring, propriétaire (entre autre) du circuit d'Atlanta et de « Panoz Motor Sport » qui engagea 4 voitures aux dernières 24 Heures du Mans, prévoit l'organisation annuelle d'une course de 1000 miles dénommée « PETIT LE MANS » (le « petit » n'ayant aucun sens péjoratif aux U.S.A.) selon le règlement et sous le contrôle de l'A.C.O. L'A.C.O. qui touchera des dividendes sur chaque billet d'entrée, les droits TV et les produits dérivés !

La course se déroulera en octobre sur le circuit de ROAD-ATLANTA, qui vient de faire l'objet d'une rénovation pour la bagatelle de 18 millions de dollars. Les vainqueurs des trois catégories devraient être « qualifiés » d'office pour les 24 Heures du Mans suivantes.

Sans entrer dans les détails, il est donc désormais possible d'imaginer, à terme, dans d'autres parties du monde, (vers le Soleil Levant ?) d'autres courses calquées sur le règlement sarthois, avec une super finale au Mans !

L'avenir nous dira si nous avons assisté le 26 janvier, face à la dictature de la F.1, à la renaissance des grandes courses d'endurance sous l'égide de nos 24 Heures du Mans. Bien joué, Messieurs !

Alain Moro

Texte extrait du N°337 de « La Vie Mancelle Et Sarthoise » Mars - Avril 1998

Ci-contre la toute dernière « HELEM V6 », construite dans la Sarthe et engagée aux essais préqualificatifs du 3 mai prochain en catégorie LM GT2.

Photos et texte extraits du N°338 de « La Vie Mancelle Et Sarthoise » Mai-Juin 1998

Les engagés

Marques

Types

Catégories

Cylindrées

Moteurs

Pilotes

1

BMW

V12 Le Mans

LMP1

5990 A

BMW

Stück - Soper - Kristensen

2

BMW

V12 Le Mans

LMP1

5990 A

BMW

Martini - Winkelock - Cecotto

3

FERRARI

333 SP

LMP1

3997 A

Ferrari

Moretti - Theys

5

FERRARI

333 SP 98

LMP1

3997 A

Ferrari

Sospiri - Boullion - Policand

7

PORSCHE

LMP1 98

LMP1

3199 T

Porsche

Alboreto - Johanson - Murry

8

PORSCHE

LMP1 98

LMP1

3199 T

Porsche

Dalmas - Volleck - Raphanel

10

FERRARI

333 SP

LMP1

3997 A

Ferrari

M. Ferté

12

FERRARI

333 SP

LMP1

3997 A

Ferrari

Taylor - Van de Poele - Velez

13

COURAGE

C51

LMP1

3000 T

Nissan

Cottaz - Gomez

14

COURAGE

C 51

LMP1

3000 T

Nissan

Ekblom - Tsuchiya - Goossens

15

COURAGE

C 36

LMP1

2995 T

Porsche

Pescarolo - Grouillard

16

KREMER

K 9

LMP1

2995 T

Porsche

Agusta - Coppelli - Laessig

21

RILEY & SCOTT

MK III

LMP1

4993 A

Ford

Gache - A. Beltoise

22

DEBORA

LMP2

LMP2

3200 A

BMW

Robert - Sezionale

24

COURAGE

C 41

LMP1

3000 T

Porsche

Terada - Fréon

25

PORSCHE

GT1 98

LM GT1

3196 T

Porsche

Ortelli - Mc Nish

26

PORSCHE

GT1 98

LM GT1

3196 T

Porsche

Alzen - J. Muller

27

TOYOTA

GT One

LM GT1

3600 T

Toyota

Katayama - T. Suzuki

28

TOYOTA

GT One

LM GT1

3600 T

Toyota

Brundle - Collard - Helary

29

TOYOTA

GT One

LM GT1

3600 T

Toyota

Boutsen - Keleners - Lees

30

NISSAN

R 390 GT1

LM GT1

3496 T

Nissan

Nielsen - Lagorce - Krumm

31

NISSAN

R 390 GT1

LM GT1

3496 T

Nissan

Comas - Lammers - Montermini

32

NISSAN

R 390 GT1

LM GT1

3496 T

Nissan

Hoshino - Suzuki - Kurosawa

33

NISSAN

R 390 GT1

LM GT1

3496 T

Nissan

Kageayama - Motoyama

35

AMG MERCEDES

CLK LM

LM GT1

5957 A

Mercedes

Schneider - Luswig - Webber

36

AMG MERCEDES

CLK LM

LM GT1

5957 A

Mercedes

Gounon - Bouchut - Zonta

40

Mc LAREN

F1 GTR

LM GT1

5990 A

BMW

O'Rourke- Sugden

41

Mc LAREN

F1 GTR

LM GT1

5990 A

BMW

Bscher - Biela - Capello

44

PANOZ

GT RI

LM GT1

6000 A

Ford

Bernard - Tinsau

45

PANOZ

GT- R1

LM GT1

6000 A

Ford

D. Brabham - Wallace - Davies

50

VIPER-ORECA

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Dupuis - J. Bell

51

VIPER-ORECA

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Beretta - Dupuy - Lamy

52

VIPER-ORECA

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Wendlinger - Drudi

53

VIPER-ORECA

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Bell

55

VIPER

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Amorim - Gomes

56

VIPER

GTS-R

LM GT2

8000 A

Chrysler

Dean - Turner - Ayles

60

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Chereau -Yver

61

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Mueller - Trunk - Palmberger

62

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Morton - Graham - Fellows

64

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Eichmann - Hortgen

67

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Neugarten - Lagniez - Smadja

68

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Graham - Poulain - Maury-Laribière

69

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Nourry - Perrier - Quiniou

70

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Nearn - L. Schumacher - Konrad

71

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Monteiro - Maisonneuve

72

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Bourdais - Goueslard

73

PORSCHE

911 GT2

LM GT2

3600 T

Porsche

Seiler - Kitchak - Zadra

74

SALEEN

Mustang

LM GT2

6800 A

Ford

Saleen - Palau - Schirle

Les essais préqualificatifs

Six des plus grandes marques mondiales vont se confronter sur le circuit de la Sarthe les 6 et 7 juin.

Nissan, cinquième constructeur mon-dial, qui a lancé son projet en 1997, revient cette année avec l'expérience acquise l'an passé pour tenter la victoire. L'année écoulée a permis à ce construc-teur de réaliser de nombreux tests d'en-durance qui devraient lui apporter la fiabilité qui a manqué à la R 390 lors de sa première participation.

Toyota, troisième producteur mondial, a créé par l'intermédiaire de son département compétition, le TTE (Toyota Team Europe), déjà créateur des Corolla du Championnat du Monde des Rallyes, une toute nouvelle GT1. C'est l'ingénieur André de Cortanze, connu pour son implication dans les victoires des Peugeot 905, qui en est le chef de projet.

Porsche, pour qui Le Mans est un élément fort de sa culture et de son image, vient au Mans en exploitant au mieux la logique du règlement. En effet, l'une des qualités du règlement mis en place par l'ASA ACO est de mettre à un niveau d'égalité les Prototypes et les GT1. Ainsi, Porsche a décidé de travailler dans les deux directions, présentant dans l'écurie officielle, deux GT1, évolution de la série GT1 apparue en 1996 puis en 1997 et deux Prototypes, cousines entièrement nouvelles des Joest Porsche victorieuses en 1996 et 1997.

BMW a choisi la catégorie prototype en créant deux voitures entièrement nouvelles. En effet, si l'image de BMW s'est bâtie grâce à une expertise de haut niveau, en voiture de haute gamme, avec également un talent incontesté de motoriste, notamment avec Brabham en Formule 1, tout le monde se souvient des nombreux succès ces dernières années des Me Laren GT1 mues par un moteur BMW. La plus grande de leurs victoires ayant sans doute été les 24 Heures du Mans 1995. Aujourd'hui, BMW souhaite évoluer, en son nom propre en endurance, avec ses nouveaux Prototypes.

Mercedes, vainqueur au Mans en 1989, avait quitté la scène de l'endurance pour une présence en Formule 1 en motorisant l'écurie Me Laren et en défendant ses propres couleurs en catégorie Tourisme (DTM / ITC). Mais la fin de cette formule et le regain des courses GT ont incité ce constructeur à concevoir une nouvelle GT1. Ainsi, la Mercedes SLK s'est assurée le titre de Championne du Monde GT FIA 1997. En 1998, la marque va donc venir au Mans avec deux voitures, soeurs de la championne 1997, mais spécialement adaptées pour la course de 24 heures.

Chrysler, le troisième fabricant américain, après un titre mondial remporté en 1997 en GT2, poursuit cette année son engagement sportif avec, bien entendu, la volonté de gagner, dans cette catégorie, les 24 Heures du Mans.

Quand bien même les six grandes marques dont nous venons de décrire les intentions se lanceraient dans la bataille le 6 juin à 14 h, il ne faudrait pas oublier la présence sur la piste de protagonistes très bien armés eux aussi pour la victoire.

Ainsi, en Prototypes, plusieurs Ferrari, et cela est magique pour le public, pren-dront le départ. Notons qu'en dépit d'une relative discré-tion de la maison mère, ces voitures s'avèrent avoir un excellent potentiel puis-qu'elles ont déjà gagné cette année, en janvier, les 24 Heures de Daytona et, en mars, les 12 Heures de Sebring.

Courage, la marque mancelle, dispose cette année d'un partenariat avec Nissan qui devrait permettre aux nouvelles C51 de profiter d'une réelle expérience du terrain.

En GT1, nous retrouverons avec enthousiasme les Panoz, marque créée il y a à peine plus d'un an et dont les voitures se sont avérées très rapides et très efficaces. Ainsi, pour le premier anniversaire de leur entrée en compétition, elles ont terminé aux deuxième et quatrième places des 12 Heures de Sebring 1998. Ce bolide, par ailleurs, possède une ligne et une sonorité tout autant efficaces pour développer l'intérêt que lui portent les spectateurs.

Les Mc Laren seront également fidèles et comme nul n'a jamais prévu ce qui pouvait se passer sur une course de 24 heures, la marque victorieuse en 1995 pourrait, avec l'expérience, tirer son épingle du jeu.


Enfin, en GT2, les Chrysler Viper ne seront pas seules tant il est vrai que cette catégorie accueille depuis de nombreuses années la Porsche 911, la voiture sans doute la plus titrée du siècle qui s'achève.

Une autre américaine, la Ford Mustang, complétera la liste des engagés de cette catégorie.

Un tel plateau ne s'est probablement jamais rencontré au départ des 24 Heures du Mans. Certes, depuis la guerre, nous avons vécu de très grands combats, le plus souvent à deux, tels que Ferrari contre Ford, Ford contre Matra, Matra contre Porsche, etc, mais d'engagements officiels aussi nombreux, la chose fut rare.

Ne faut-il donc pas penser que si, seule une marque va conquérir la première place, toutes les autres vont être gratifiées de cette audace que l'on attribue à ceux qui osent. Et, si nous sommes comblés aujourd'hui, nous pouvons être également optimistes pour les années à venir car on ne peut imaginer qu'une telle prise en compte des 24 Heures du Mans par les constructeurs puisse subitement s'affaiblir.

Et puis, quelle marque ne voudrait-elle pas être la première à vaincre aux 24 Heures du Mans au début du prochain siècle ?

Enfin, pourquoi les constructeurs français ne reviendraient-ils pas pour triompher, comme Matra en 1972-73- 74, Renault en 1978 et Peugeot en 1992 et 1993 ?

Texte de Bruno DAVID, photos d'Alain MORO, parus dans « La Vie Mancelle Et Sarthoise »

La course

68 - 16 - 85, ce sont les trois chiffres-clefs des 24 Heures 1998. 16e victoire de Porsche (depuis la 1ère en 1970!) Et 85 années d'âge pour le trio des jeunes vainqueurs, aucun n'ayant atteint la trentaine. Ajoutons 185 000 : le nombre de spectateurs, toujours en augmentation.

Une fière chandelle à la coupe du monde de football qui fit prendre à l'A.C.O. la décision d'avancer d'une semaine la date de la course, du coup fit-il très beau (à l'exception de quelques averses pendant la nuit) tandis que le week-end suivant fut exécrable!

Le doublé Porsche (Wolleck encore second) ne s'est concrétisé qu'à 1 h 30 de l'arrivée alors que la Toyota de Boutsen, victime de sa boîte de vitesse, semblait contrôler la course. Un rebondissement bien dans la tradition des 24 Heures.

En GT2, les Viper ont encore gagné et l'on évoque de plus en plus le passage de Chrysler en GT1. Un duel Europe-Asie-Amérique pour l'an 2000...

Photos et texte extraits du N°340 de « La Vie Mancelle Et Sarthoise » Sept. - Oct. 1998