Edition 1969 : Ford

Ickx, une première de légende

En 1969, Jacky Ickx s'imposa au terme d'une course d'anthologie qui s'est achevée sur un final de rêve.

En 1969, Jacky Ickx (à gauche) et Jackie Oliver (à droite) remportent sur leur Ford GT40 une victoire mémorable, devançant la Porsche 908 d’Hermann et Larousse de huit dixièmes de seconde !

(Photo L’Équipe)

SOIXANTE NEUF, année historique. Lorsque, au départ des 24 Heures, il traverse la piste en marchant afin de rejoindre sa Ford GT 40   qualifiée au 14e rang   Jacky Ickx espère que son geste sera bien interprété comme une protestation contre l'insécurité des envols type Le Mans et non comme un mouvement de rébellion d'un jeune pilote de vingt quatre ans qui fait sa crise.

Depuis le muret des stands, John Wyer, le patron de l'écurie américaine ne bronche pas. Certes Wyer sait mieux que personne que ses jolies voitures ne sont plus les foudres de guerre indéboulonnables des trois éditions précédentes ; mais tout de même, rester de marbre en voyant ainsi l'un de ses pilotes hypothéquer un bon résultat est une jolie preuve de self contrôle. Il n'était pas dans la confidence et seul Jackie Oliver, coéquipier du Belge, avait eu connaissance de sa détermination. Une fois dans sa voiture, Ickx prend encore le temps d'attacher son harnais de sécurité ce qui, jusque là, s'effectuait en route lors du premier passage aux Hunaudières, le volant coincé entre les genoux à près de 400 km/h...


Bien évidemment, la Ford n° 6 s'élance en dernière position.

Au terme du premier tour, Ickx a déjà dépassé une dizaine de ses 44 adversaires. Mais les premiers sont déjà loin. Monstres attendus, les toutes récentes Porsche 917 ne cèdent le commandement qu'en faveur des 908 plus aguerries. Les bolides allemands monopolisent les avant postes pendant que les Ford, fiables, restent dans leur lointain sillage en espérant qu'un pépin quelconque se présente devant. Ce sera en vain jusqu'au dimanche matin.

À 10 h 53 exactement, la 917 d'Elford Attwood se retire. Ickx Oliver, qui avaient pu se hisser jusqu'au 3e rang, se retrouvent d'un coup deuxième derrière la 908 d'Hermann et Larousse. Une proie tout à fait à leur portée, à l'inverse des trop véloces et puissantes 917. Forçant la cadence, les deux hommes effectuent la jonction à 13 heures. Entre les leaders, le commandement ne cesse d'être échangé à la faveur de dépassements toujours plus osés. Personne ne cède et jamais l'écart excède 2,5 secondes. Se sachant moins rapide que la 908 en ligne droite, Ickx accepte la deuxième place à l'amorce du 317e tour.

Son but : rester dans son aspiration dans les Hunaudières et le dépasser à Mulsanne. Puis tenter de rester devant ... .

Le Belge attaque, déborde la Porsche et parvient à contrôler un Hermann déchaîné pour le devancer de 8 dixièmes de seconde sur la ligne. Sauf si 2000 est plus tendue encore, l'édition 69 risque fort de demeurer la course du siècle.  Ph.J.

Rétrospective des 24 Heures 1969 ( 4 706 Ko ; 37 s. )

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Ci-contre, la Ford GT 40 du Team Joest.

Ferrari 365 GTB/4 Daytona (1969)

Longue à l'avant, courte et trapue à l'arrière, cette Ferrari reste pour beaucoup d'admirateurs de la firme de Maranello comme un chef-d'oeuvre. Avec son museau fin, ses phares disposés sous une vitre, ses quatre sorties d'échappement et ses doubles petits feux ronds à l'arrière, la 365 GTB/4 dessinée par Pininfarina avait des airs de coupé bien sage. Mais un simple tour de clé dans le démarreur suffisait pour se rendre compte, à l'oreille, du caractère rageur de la mécanique.
Très vite rebaptisée Daytona, la 365 GTB/4 recevait le fameux V12 maison double arbre de 4,4 litres de cylindrée. Le nombre 365 de son nom indiquait le volume (en cm3) de chaque cylindre. Le B de GTB signifiait, « Belinetta » et le 4 rappelait la présence des quatre arbres à cames. Développant quelque 355 ch, le douze cylindres permettait d'emmener la GTB 4 à plus de 280 km/h dans un bruit d'enfer. Mais seuls des pilotes expérimentés étaient capables de tenir la « bête » à cette vitesse-là. La Daytona, qui participa à plusieurs compétitions dont les Vingt-Quatre Heures du Mans, connut un véritable succès commercial aux États-Unis. La côte californienne réclamant une version découverte, les designers de Pininfarina proposèrent une version cabriolet. La 365 GTB/4, dans ses deux carrosseries, figure parmi les plus belles sportives, les plus pures aussi, des années soixante-dix.

Extrait de "Les Voitures de Rêve - Un siècle d'automobile" de Guy JOURDAN